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André Chevallier (notice Inserm)

Voir aussi : Aux origines de l'Inserm : André Chevallier et l'Institut national d'hygiène (J.-F. Picard, SS&S, mars 2003) ainsi que des notes issues des papiers Chevallier déposés aux archives nationales

Directeur général de l'INH 1942 - 1946
André Chevallier est né le 24 novembre 1896 à Saint Paul d'Eyjeaux (Haute Vienne). Mobilisé en 1916, dans le premier régiment d'artillerie de montagne, il est nommé médecin capitaine en 1917.

Après la guerre, il poursuit ses études de médecine à la faculté de Lyon, comme assistant dans le service du Professeur Rocques. Il y obtient sa thèse de doctorat en médecine, le 2 juillet 1923, sur la "Recherche sur la radioactivité des sources de l'Echaillon (Maurienne). Contribution à l'étude de l'émancipation du thorium. Actions biologiques et thérapeutiques".
Il obtient parallèlement l'agrégation de physique médicale à Lyon, en 1926, et une licence de science en 1929. Cette même année, il se voit confier la chaire de physiologie à la faculté de médecine de Lyon.

En 1930, il est nommé Professeur titulaire à la faculté de médecine et de pharmacie de Marseille, nouvellement créée, où il consacre ses recherches à l'étude des vitamines et, plus particulièrement, à la physiologie de la vitamine A. Il met au point, grâce au CNRS et à la fondation Rockefeller, un spectromètre ultraviolet permettant de doser la présence de vitamine A dans l'organisme.
En 1939, André Mayer, Directeur de l'Institut physicochimique et Professeur au Collège de France, invite André Chevallier à participer aux travaux d'une commission du CNRS, chargée des problèmes de l'alimentation en temps de guerre.
Le 12 août 1940, André Chevallier présente au comité des experts de la Défense nationale un rapport sur les lésions que peuvent entraîner les carences en vitamine A pour les enfants et les adolescents. Ce comité le charge également des questions d'approvisionnement de la France en médicaments et notamment en insuline.

En 1940, avec l'aide de la Fondation Rockefeller, l'Institut de recherches d'hygiène est créé à Marseille dans le laboratoire d'André Chevallier autour des nutritionnistes américains et du Docteur Daniel Kuhlmann, médecin alsacien. L'Institut lance une série d'enquêtes sur les carences alimentaires en temps de guerre qui voit, dès 1941, l'instauration de cartes d'alimentation spécifiques pour les enfants. Au printemps 1941, la Fondation Rockefeller décide de regagner les Etats-Unis et donne tous pouvoirs à André Chevallier pour continuer l'œuvre entreprise.

Celui-ci envisage, avec le secrétaire d'Etat à la Santé, Serge Huard, l'élaboration et la mise en place d'un Institut national d'hygiène. L'INH est ainsi créé le 30 novembre 1941.
André Chevallier est nommé Directeur général de l'INH, en février 1942. Il installe l'Institut dans des locaux partagés avec la direction de la Pharmacie du ministère de la Santé, rue Cardinet, à Paris et divise l'organisme en sections par grands secteurs d'activité : la nutrition, les maladies sociales, l'épidémiologie et l'hygiène générale. La section de nutrition s'occupe principalement de l'alimentation infantile. La section 'maladies sociales' s'occupe de la tuberculose, l'alcoolisme et la syphilis, mais également du cancer. André Chevallier décide également que l'INH soutiendra la recherche à caractère thérapeutique, telle une étude sur la biologie de la métastase réalisée au centre anticancéreux de Lille, une autre sur la longueur d'onde optimale en radiothérapie réalisée à Montpellier ou le suivi des premières chimiothérapies menées dans les hôpitaux d'Orléans et de Lyon.
Quant à la section d'hygiène générale', dans le cadre de la lutte contre la fièvre typhoïde, elle lançe, en collaboration avec le Génie rural, une enquête sur l'eau potable dans les départements du Val-de-Loire. La section d''hygiène industrielle', liée à la chaire du même nom à la faculté de médecine de Paris, s'intéresse, de son côté, à certaines maladies professionnelles comme le saturnisme des ouvriers de l'Imprimerie nationale.
En 1946, André Chevallier quitte la direction de l'INH, restant membre du comité scientifique de l'Institut. Il est nommé Professeur titulaire de physique biologique à la faculté de médecine de Strasbourg.
En 1947, il prend la direction du Centre régional de lutte contre le cancer de Strasbourg, qui deviendra, grâce à sa pugnacité face aux problèmes de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, le Centre Paul Strauss. Celui-ci sera inauguré en 1959.

Il a participé également, dès 1957, comme délégué de la France, aux travaux du Conseil de l'Union internationale contre le cancer, au sein de l'OMS. Il a pris une part très active à la mise en place de la radioprotection.

En 1960, il est l'un des membres fondateurs de l'Association des radiobiologistes des pays de l'Euratom.

André Chevallier est décédé le 11 novembre 1964.

Autres activités
Membre de la commission médecine du CNRS, à partir de 1946
Membre correspondant de l'Académie de Médecine, en 1952
Membre du Conseil supérieur d'hygiène de France
Membre de la Commission permanente du cancer au ministère de la Santé
Membre de la Commission interministérielle de protection contre les rayonnements ionisants

Distinctions
Merit of Freedom, en 1946.
Officier de la Légion d'Honneur, en 1959.

Extrait du cd-rom "André Chevallier 1896-1964" réalisé par l'Inserm (ISBN 2-85598-838-1).
Ce cd-rom peut être obtenu auprès du Service des Archives de l'Inserm : Hélène Chambefort : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Les archives apportent une information précise sur les travaux scientifiques d'André Chevallier, au travers de la liste exhaustive de ses publications et de la conservation de nombreux manuscrits. Elles fournissent des informations nouvelles tant pour l'histoire des sciences de la nutrition et de la cancérologie, que pour celle des techniques de biophysique et l'usage des rayonnements (rayons X, radio-isotopes) pour le diagnostic et la thérapeutique.

Une production scientifique très riche
De 1919 à 1964, André Chevallier publie environ 260 articles, dépose six brevets et écrit un livre sur le cancer publié aux Presses Universitaires de France (traduit en italien). Comme c'est l'usage à l'époque, pour l'essentiel, ces travaux paraissent dans des Comptes Rendus (de l'Académie des Sciences, de la Société de Biologie), ainsi que dans des Annales (de nutrition et d'alimentation, de nutrition, de physiologie, de neurologie, de radiologie, de cancer). En tant que biophysicien, il publie dans des revues de sociétés spécialisées : de chimie, de physique, de chimie biologique, d'électricité, d'optique.
En tant que médecin, il publie dans de très nombreux journaux médicaux : les Comptes Rendus de l'Académie de Médecine, les Comptes Rendus de l'Académie de Chirurgie,les Comptes Rendus de la Société scientifique d'hygiène alimentaire, le Journal de Radiologie et d'Électrologie, la Semaine des Hôpitaux, l'Encyclopédie médico-chirurgicale, le Journal de Médecine de Lyon, le Journal de la Société médicale des Hôpitaux de Paris, Strasbourg médical...
La majorité de ses publications sont en français. Sa première publication en anglais (et l'une des rares), paraît dans Biochemical Journal, en 1933, sur le dosage de la vitamine A par la méthode spectro-photométrique, qu'il a mise sur pied avec Pierre Dubouloz. Il a publié également en italien et en allemand.

Ses recherches à Lyon
Avant guerre, à Lyon, ses recherches concernent :
- la radiobiologie et la cancérologie : les rayons X et les effets secondaires ; le radium, le thorium et leurs effets biologiques (dont l'effet sur l'excitabilité neuromusculaire) et thérapeutiques (dans les leucémies) ;
- l'électrophysiologie : les courants à hautes fréquences et l'excitabilité des nerfs ;
- la biophysique : les colloïdes et leurs propriétés (dont les propriétés magnéto-optiques), la viscosité appliquée aux liquides biologiques, la physico-chimie du sérum sanguin (et ses propriétés optiques), les tensions superficielles entre liquides.
Il s'intéresse également à la vitamine A et au lait, sujet qu'il poursuit pendant et après la guerre, en étudiant notamment le lait de femme.

Sa production à Marseille
A Marseille, il publie, en 1931, avec Pierre Dubouloz sur la fluorescence et les mesures photométriques dans les ultraviolets et, en 1932, sur la mise au point d'une technique nouvelle de spectrométrie dans l'ultraviolet. Cet appareil devait être exposé pour représenter la France à l'Exposition universelle de 1939. Grâce à cette méthode révolutionnaire, il peut développer un champ nouveau de recherches sur la vitamine A, les huiles et les hormones stéroïdiennes. Il s'intéresse d'abord au dosage de la vitamine A, son métabolisme (dans le foie et le sang, notamment), sa dégradation (rayonnements du thorium, photochimie), sa fonction physiologique, ses effets nutritionnels, mais aussi la cicatrisation, ses carences et son rôle dans les hépatites. Il conduit une recherche tout à fait originale sur la vision nocturne, en prenant comme sujets témoins les militaires du croiseur Le Duquesne (comme en atteste sa correspondance avec le médecin militaire).
Pendant la guerre, il poursuit ses recherches sur les vitamines et développe les enquêtes sur la nutrition de la population, tout d'abord avec la Fondation Rockefeller, puis à l'Institut national d'hygiène (INH). Ces publications font l'objet de communications à l'INH et de publications dont celle qu'il co-signera avec les nutritionnistes J.-B. Youmans et D. Kuhlmann en 1941.

Ses activités scientifiques après-guerre à Strasbourg
Dès son arrivée à Strasbourg, il reprend ses activités scientifiques avec Simone Manuel, Pierre Denoix, Constant Burg, et aborde de nouvelles problématiques sur la cancérogenèse : carbures cancérigènes, pouvoir anti-oxygène des graisses, oxydation des lipides, mesures des lipides, influence de certaines hormones et vitamines liposolubles... Il publie plus tard sur la cancérisation par le benzopyrène.
En 1951, il crée un laboratoire sur les radio-isotopes et s'intéresse notamment à l'influence des radio-phosphates sur l'activité des lipides des tissus animaux. Il poursuit ses recherches sur les rayons X et sur les conséquences des traitements à base d'agents physiques. Il développe une nouvelle thérapeutique à partir du radio-phosphate de chrome colloïdal, méthode qui sera utilisée dans le traitement de plusieurs types de cancers (vessie, sein, rectum, bronches, métastases lymphatiques, leucoses). Il introduit également la cobaltothérapie et publie sur la gamma-encéphalographie, les traitements localisés et leurs effets, les associations de traitements. Il ne cesse de s'intéresser aux questions nutritionnelles, au travers des questions de contamination de la chaîne alimentaire. Il coopére avec le CEA pour mesurer la contamination radio-active de l'environnement par les centrales nucléaires ou consécutive aux essais nucléaires soviétiques ! Sa dernière publication, présentée à un colloque franco-soviétique à Paris en juin 1964, portera sur l'association de la chimiothérapie et de la radiothérapie.