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Eugène Aujaleu dans les archives
du Monde & du Monde-diplomatique de1946 à1984 


TOLÉRANCE ET RÉGLEMENTATION

Par HUGUES GOUNELLE, Le Monde, 9 février 1946

Nous avons reçu du professeur agrégé Hugues Gounelle la lettre suivante, que nous publions bien volontiers.

Le courriériste médical du Monde, le docteur Bonnet-Roy, a habitué le lecteur du journal à apprécier vivement ses intéressantes chroniques. Cet hommage sincère nous met aujourd'hui d'autant plus à l'aise pour exprimer certaines réserves concernant l'article du 26 janvier sur " Tolérance et Réglementation ".

Sans doute l'auteur marque nettement l'antipathie que lui inspire au point de vue moral le principe même de la maison de tolérance, et cependant, la considérant sous l'angle médical, il en admet l'utilité et selon la formule réglementariste la présente comme un mal nécessaire. Sera-t-il permis à un hygiéniste d'être d'un avis opposé, et d'apporter succinctement les éléments de cette conviction dont on trouvera les motifs plus détaillés dans un article sous presse aux Archives de médecine sociale ?

Il ne faut plus penser que la maison publique constitue une arme efficace de prophylaxie antivénérienne, et ce qui le démontre c'est notamment ce que l'on observe dans une population après fermeture de ces établissements.

L'expérience pour la France a été faite plusieurs fois, et trois apparaissent réellement péremptoires : celle de l'armée française du Rhin, celle de Strasbourg et celle de Grenoble.

L'armée française occupait la Rhénanie lorsqu'en 1927 une loi allemande supprimait les maisons publiques ; aucune incidence regrettable ne s'ensuivit sur la morbidité vénérienne de la troupe. Bien plus, le docteur Bergeret signalait que le pourcentage des cas contractés en territoire occupé baissait de 0,28 à 0,19 0/0.

La deuxième expérience est celle de Strasbourg, que nous avons personnellement suivie. On s'était contenté de supprimer les maisons de tolérance sans prendre de mesures appropriées contre la prostitution du trottoir, ce qui permit à cette dernière de se multiplier fâcheusement Or, malgré ce fléau, il fallut bien, avec le professeur Pautrier, constater que la fermeture des maisons n'avait eu dans les années suivantes aucune incidence péjorative sur la morbidité syphilitique de la ville.

À Grenoble non seulement l'on édictait la suppression des maisons, mais simultanément l'on appliquait toute une série de mesures destinées à combattre la prostitution clandestine et à traiter les vénériens. Un de mes collaborateurs s'est récemment rendu sur place pour se rendre compte de la situation; dans cette ville de 130.000 habitants, les cas de syphilis récemment contractés sont en diminution et la prostitution clandestine en baisse.

Que l'on ne pense pas par ailleurs que la sécurité des honnêtes femmes puisse se trouver menacée. À Grenoble, comme à Strasbourg et a Liévin, et malgré la présence de contingents coloniaux dans les garnisons, nulle part n'augmente le nombre des attentats aux mœurs.

Les faits précédents, très précis et absolument certains, ne permettent-ils pas déjà de conclure que la suppression du lupanar n'entraîne aucune hausse de la morbidité vénérienne ? Il y a plus. Toute une série d'observations, celles de MM. Hissard, Pinard, Cavaillon par exemple, sont venues prouver que la maison dans certains cas devenait elle-même une source d'épidémies. On ne saurait en être surpris quand on regarde les statistiques des vénéréologues sur l'origine des contaminations; c'est ainsi que M. Jame relevait dans ses consultante entre 1932 et 1935 25 0/0 de sujets contaminés dans les maisons et que MM. Liégeois, Aujaleu et Solder en signalaient pour les mois de guerre de 1939-1940 un pourcentage de 53 0/0. Ces taux se révèlent considérables si l'on tient compte du nombre relativement minime de3 femmes de maison comparativement aux autres : à Paris l'on évaluait, en 1945, 1.000 femmes de maison contre 5.000 en carte et plus de 50.000 clandestines.

On pouvait bien penser que le contrôle médical, si méticuleux et régulier soit-il, reste partiellement inopérant. Une femme peut devenir contagieuse entre deux examens ; leur transit rapide dans les maisons rend la surveillance souvent illusoire ; M. Matry signalait qu'à Fontainebleau de 1920 à 1930 la moyenne de séjour des pensionnaires était de deux jours et demi. Les conditions pratiques d'un examen gynécologique, tables, éclairages, etc., ne se trouvent pas réalisé es partout, et certaines lésions minuscules ou profondes et pourtant très virulentes peuvent échapper à l'examen du médecin le plus averti. L'on a même signalé des femmes apparemment saines et pourtant porteuses de germes et disséminatrices d'infection (prof. Petges et Joulia).

Certes le contrôle sanitaire des prostituées de maison diminue les risques de contamination, mais ne peut les supprimer. Dans ces conditions, l'hygiéniste, s'appuyant sur les faits nombreux et positifs, se trouve inéluctablement amené à approuver la fermeture des maisons publiques.

Au surplus il ne fait en cela que rester dans la ligne de l'hygiène internationale. Il ne faut pas oublier que 46 nations, y compris l'Angleterre, l'Amérique et la Russie, avaient en 1939 écoute, approuvé et mis en pratique les recommandations des experts de la Société des nations, qui unanimement avaient conclu à la suppression totale. La France a-t-elle le droit d'être la seule à s'y dérober ?

POLIOMYELITE ET CANCER au XXXIe congrès d'hygiène

Le Monde, 24 octobre 1951

A l'institut Pasteur s'est ouvert hier lundi, en présence de M. Ribeyre ministre de la santé publique, et des représentants de seize pays, le XXXIe congrès d'hygiène.

La première journée a été consacrée à l'étude de deux maladies d'actualité : la poliomyélite et le cancer. Plusieurs rapports ont insisté sur le double mode de transmission de la poliomyélite : par l'eau et par contact direct d'homme é. homme.

La contamination s'explique aussi, ont souligné MM. Lépine et Boyer, par le nombre considérable d'individus sains et cependant porteurs de germes. Si la maladie paralytique est rare, tous les sujets font probablement dans leur jeune âge une infection inapparente qui les protège contre une atteinte ultérieure. Ces malades ignorés diffusent le virus, et la majorité des cas observés dans les campagnes au cours de la dernière épidémie s'explique sans doute par l'absence d'hygiène dans les fermes, où les déjections déposées sur le fumier contaminent l'eau des puits et les légumes.

La poussée estivo-automnale de la maladie doit être attribuée en grande partie à la consommation accrue pendant cette période de légumes verts et de fruits souillés.

Les auteurs ont souligné que dans les pays chauds la " poliomyélite-maladie " est rare, alors que le virus y est particulièrement abondant ; il l'est beaucoup moins dans les pays froids, là où l'hygiène a fait de grands progrès, mais en revanche la maladie-paralytique y est observée plus fréquemment. Ils en donnent l'explication suivante : dans les pays chauds le nourrisson s'infecte à une époque où il a encore un certain degré d'immunité maternelle ; il risque moins la complication paralytique. Ultérieurement le contact fréquent avec les différents types de virus renforce périodiquement son immunité. Chez les Esquimaux au contraire, chez qui le virus est rare, la poliomyélite frappe les adolescents et les adultes, et plus nombreuses sont alors les complications paralytiques.

Envisageant la lutte contre le cancer en France, MM. Aujaleu et Denoix ont rappelé que seul un diagnostic rapide apporte au malade des chances de guérison. Deux cent mille cancéreux requièrent chaque année les soins du corps médical, et l'ensemble des centres spécialisés dans le traitement de cette maladie représente le cinquième des besoins. A quoi donc servirait un dépistage précoce si les cancéreux n'ont aucune organisation hospitalière pour les traiter ? Il faudrait créer des centres régionaux en plus grand nombre, mais aussi des équipes de spécialistes se rendant à date régulière dans les villes de province pour examiner, en accord avec les praticiens locaux, tous les malades suspects.

Les médecins confrontent aujourd'hui les résultats obtenus par divers traitements

Le Monde, 10 septembre 1952

Présidé ce matin par M. Ribeyre, le XXIVe congrès international contre l'alcoolisme a ouvert son chapitre médical. Avant l'ouverture de la séance de travail proprement dite, le ministre de la santé publique avait tenu à rappeler les données de base du problème de l'alcoolisme et l'opportunité des congrès consacrés à son étude. Parlant de la vigne il y a rappelé notamment le mot de Clemenceau : " Cette richesse nationale est aussi un péril national. "

Une dizaine de praticiens sont venus ensuite exposer les problèmes d'hygiène mentale en rapport avec l'alcoolisme, les observations faites dans les hôpitaux psychiatriques, et ont analysé les divers traitements.

Selon le docteur Alexander, professeur, à l'université de Bruxelles, les habitudes alcooliques se sont imposées de façon si tenace dans de trop nombreux groupes de la société qu'elles exercent sur l'esprit individuel et collectif une influence très nette. Leur effet le plus néfaste sur certaines personnes consiste dans le fait qu'elles cherchent la tranquillité d'esprit, la consolation, l'oubli des ennuis, voire le bonheur, dans les moyens artificiels qui ne demandent au sujet aucun effort.

Le docteur Alexander propose de confier à une équipe composée d'un médecin psychiatre, d'un psychologue et d'une assistante sociale, le soin de restaurer l'hygiène mentale du sujet qui boit pour s'évader de son état anxieux.

Le docteur Aujaleu, directeur de l'hygiène sociale, et M. Jean, administrateur civil au ministère de la santé publique, ont mesuré dans une enquête très poussée l'importance de l'alcoolisme dans les hôpitaux psychiatriques de France. Ils ont apporté leurs chiffres aux congressistes : sur 22 210 entrées dans les services d'hommes, on en compte 6 222, soit plus de 28 0/0 pour psychoses alcooliques, et 2 082, soit plus de 9 0/0, pour " psychoses avec appoint alcoolique ". Dans les services de femmes, plus de 5,28 0/0 des malades sont entrées pour psychoses alcooliques, et 3 0/0 pour " psychoses avec appoint alcoolique ".

Depuis cette enquête, qui remonte à 1951, une progression sensible du nombre de ces malades a été enregistrée.

Le docteur O. Diethelm, professeur à la Cornell University (U.S.A.), a fait état ensuite de recherches qui tendent à prouver que pour le patient alcoolique l'habitude de boire était en relation avec l'existence d'émotions spéciales. Ces émotions ont été déterminées par l'examen psychiatrique et par un essai biologique (en présence d'une anxiété, le sang contient, on le sait, une substance à base d'adrénaline). La majorité des patients ont commencé à boire lorsque le ressentiment mal défini avait augmenté jusqu'à une certaine limite, d'autres lorsque l'anxiété ou la tension s'étaient accumulées. L'alcool a allégé rapidement les émotions, et les substances incriminées disparaissaient du sang.

Après l'intervention du docteur S. T. Zurukzoglu, de l'université de Berne, qui a fait l'historique des études entreprises par la Suisse sur la question de l'alcool, le professeur F. K.

Gokay, de Stamboul, a évoqué le rôle de l'État dans la lutte contre l'alcoolisme, " L'éducation antialcoolique devrait commencer sur les bancs de l'école primaire ", a-t-il notamment déclaré.

On peut guérir l'alcoolique

Plusieurs communications ont été consacrées enfin aux traitements expérimentés. Le docteur O. Martensen-Larsen, de Copenhague, a parlé d'abord de l'antabuse. Selon lui, il agit par trois moyens : il détruit le penchant réflexe conditionné qui pousse l'individu à la consommation d'alcool dans certaines conditions ; il offre au patient la possibilité d'une " quarantaine chimique " qui l'empêche de boire ; il lui permet enfin de faire sa cure sans sortir de son milieu habituel.

Les résultats obtenus après quatre ans et demi sur deux mille patients sont les suivants : 50 0/0 " socialement guéris " ; 50 0/0 à répartir uniformément sur les groupes " beaucoup amélioré ", " peu amélioré ", " inchangé ".

Le docteur H. Feldmann, de Genève, a exposé ensuite les résultats du traitement par l'apomorphine. Ses observations ont porté sur cinq cents malades traités entre février 1947 et octobre 1950. Guérisons absolues, 31 0/0 ; guérisons sociales, 15,2 0/0 ; rechutes, 39,8 0/0 ; pas de renseignements précis, 14 0/0.

La méthode du docteur Popovitch, de Belgrade, rapproche de celle du docteur Feldmann. Mais il combine les piqûres de strychnine et l'emploi des vomitifs aux piqûres d'ayomorphine.

Le docteur Aïtoff a défendu ensuite la méthode de traitement dite " cure ambulatoire par consultations spécialisées ". Il se sert lui aussi de l'antabuse, mais insiste sur le besoin de dispensaires spécialisés. " Il faut obtenir systématiquement des malades, a-t-il déclaré, des réactions en leur faisant absorber une certaine quantité d'alcool. Le réflexe étant spécifique dans une grande mesure, je fais faire les réactions avec la boisson que préfère le malade. " Il a classé ses résultats en cinq groupes : décès, 0,7 0/0 ; résultats nuls, 18 0/0 ; résultats éphémères, 44 0/0 ; améliorations, 12 0/0 et guérisons, 23 0/0.

Les maisons de cure, les limites des psychothérapies, l'aspect moral et législatif de la lutte contre l'alcoolisme feront l'objet des travaux de cet après-midi.

Les hôpitaux ne disposent que de 36 000 places pour 97 000 malades mentaux constate le représentant du ministère de la santé publique

Le Monde, 22 juillet 1953

Le vingt et unième congrès des psychiatres et neurologues de France et des pays de langue française, qui groupe trois cents délégués représentant quatre-vingts hôpitaux de France, s'est

ouvert à Pau, sous la présidence du docteur Lauzier, de Dijon. Des sociétés étrangères de psychiatrie et de neurologie avaient envoyé des auditeurs.

Le docteur Aujaleu, représentant le ministre de la santé publique, a fait un large exposé de la situation de l'assistance psychiatrique. Actuellement les hôpitaux disposent ce trente-six mille places pour quatre-vingt-dix-sept mille malades, et chaque année le nombre de ceux-ci s'accroît d'environ cinq mille. " Si la progression reste la même, a dit le docteur Aujaleu, nous serons rapidement débordés. "

Analysant ensuite les causes de cet accroissement du nombre des malades mentaux, le docteur Aujaleu a tout d'abord parlé de l'alcoolisme : 27 % des hommes soignés souffrent de psychoses alcooliques caractérisées. Mais il y a aussi le vieillissement. Seize pour cent des hospitalisés ont plus de soixante-cinq ans. C'est exactement la proportion qu'on trouve dans la population générale française.

Parmi les autres causes de l'afflux des malades le docteur Aujaleu signale le déclin des préjugés à l'égard des hôpitaux. Les établissements psychiatriques reçoivent maintenant des malades qui autrefois auraient pu vivre chez eux.

Pour remédier à l'insuffisance du nombre des lits le ministère de la santé compte surtout sur le commissariat général au plan, chargé d'établir un programme d'équipement sanitaire s'étendant sur cinq ans. " Nous avions, a dit le docteur Aujaleu, chiffré nos besoins au cours des cinq années à 40 milliards. La commission générale du plan propose de nous accorder 20 milliards. C'est peu. Le nombre de lits nécessaires à la fin de 1957 sera de cent trente mille. "

Les travaux du congrès se poursuivront jusqu'au 26 juillet.

Les résultats de huit ans de protection maternelle et infantile

Le Monde, 1 juillet 1954

Pour répondre à d'égrainent médecins, qui souhaitent voir modifier certaines dispositions de la législation sur la protection maternelle et infantile, M. Aujaleu a exposé hier devant l'Académie de médecine les résultats obtenus depuis la création, il y a huit ans, de ces services de protection. Les dépenses de l'État, des départements et des communes se sont élevées pour cette œuvre à 225 millions en 1946, à 2 milliards en 1963. Dépenses modestes si on les compare aux résultats obtenus : la mortalité maternelle (pour 1 000 accouchements) est passée de 2,2 en 1938 et de 1,16 en 1946 à 0,69 en. 1953. La mortinatalité (pour 1 000 naissances) est passée de 34 en 1938 à 24 en 1953. La mortalité infantile de 0 à 1 an a considérablement diminué ; 66 0/00 en 1938, 67 en 1946, 38 en 1953. Trois départements français gardent un taux élevé : le Pas-de-Calais, la Corse et la Somme, faute en partie d'un équipement sanitaire suffisant

Des mesures médico-sociales restant à prendre qui pourraient encore améliorer ces résultats et devraient permettre, a conclu M. Aujaleu de sauver quinze mille nourrissons de plus chaque année.

LES LEÇONS D'UN CONGRÈS L'organisation de la transfusion sanguine en France " fait honneur " à notre pays

Le Monde, 22 septembre 1954

Le congrès international de la transfusion sanguine vient de se terminer. De multiples exposés, tout au cours de la semaine dernière, nous ont montré combien le sang humain constitue une thérapeutique irremplaçable, indispensable pour sauver chaque année des milliers de vies humaines.

Mais le plus instructif pour le profane est sans aucun doute celui où M. Aujaleu, directeur de la santé publique, et Mlle Laporte ont exposé l'organisation de la transfusion sanguine en France. Il nous permet de constater que nous sommes l'un des pays les mieux organisés dans le monde pour la collecte et la préparation du sang.

Depuis 1947 la transfusion sanguine dépend des pouvoirs publics, et certains impératifs d'ordre technique et moral ont conduit le Parlement français à voter le 21 juillet 1952 une loi sur l'utilisation thérapeutique du sang humain, de son plasma et de leurs dérivés.

Aux termes de cette loi chaque département français, y compris ceux d'outremer, doit être pourvu d'un centre départemental de transfusion sanguine dont les fonctions sont les suivantes: propagande en faveur du don du sang; tenue à jour du fichier des donneurs du département ; préparation du sang conservé, du plasma liquide ou congelé et des suspensions de globules ; entretien d'un dépôt de plasma desséché et de dérivés du plasma, fourni par les centres spécialisés dans ces fabrications; service d'urgence de la transfusion et délivrance des produits sanguins aux malades soignés à domicile ou dans des établissements de soins. Près de soixante-dix centres ont déjà été créés depuis 1945. Au cours des deux dernières années quatorze d'entre eux ont été en outre équipés pour la préparation du plasma desséché. On évalue à cent cinquante mille flacons de 350 centimètres cubes leur production de plasma.

La préparation des gamma-globulines, qui, on le sait, sont utilisées pour la prévention de la rougeole et de la poliomyélite en milieu épidémique, vient d'être entreprise en France sur un rythme industriel par le Centre national de transfusion sanguine. Cet organisme, fondé en 1949 par le docteur Tzanck; dirigé aujourd'hui par le docteur Soulier, dessert quinze départements. Il procède également à la préparation des dérivés sanguins rares de production récente. Il est chargé de la recherche scientifique et de l'enseignement des chefs de centres départementaux.

Cette magnifique organisation n'a été possible que grâce au nombre croissant des donneurs bénévoles, qui a quadruplé depuis 1950. Il serait souhaitable, précise le rapport du docteur Aujaleu, que tout citoyen valide, âgé de vingt et un à soixante ans, participe au moins une fois à ce " don " gratuit et volontaire de son sang. Cela permettrait de déterminer progressivement les groupes sanguins de toute la population et d'étudier le fichier sanitaire des donneurs à l'échelle nationale. C'est dans ce sens que s'oriente actuellement la transfusion sanguine en France.

Des séances de prélèvements s'organisent de plus en plus dans les communes rurales ou dans les collectivités, se substituant à l'appel renouvelé au même groupe de donneurs. C'est ainsi qu'à l'occasion du congrès le Centre national a fait la semaine dernière, dans un grand magasin, une démonstration de son installation légère, et que depuis 1949 ses équipes volantes opèrent périodiquement dans de nombreuses entreprises industrielles et commerciales dont le personnel est volontaire pour le " don du sang ".

" Beaucoup demeure encore à faire, écrivait dernièrement le professeur P. Cazal, de Montpellier, mais je puis affirmer que l'organisation transfusionnelle française nous fait honneur. "

L'œuvre déjà accomplie ne peut qu'encourager encore les adultes et les jeunes à fournir cette inestimable matière première qu'est le sang. Si dans les départements les plus favorisés le pourcentage des donneurs atteint jusqu'à 2,5 0/0 de la population, un chiffre de 3 0/0 serait nécessaire pour couvrir les besoins de la nation.

A L'ACADÉMIE DE MÉDECINE

Le Monde, 18 novembre 1955

La transfusion sanguine en France

M. Aujaleu, directeur des services d'hygiène au ministère de la santé publique, et Mlle Laporte, viennent d'exposer devant l'Académie de médecine l'organisation de la transfusion sanguine en France au cours des dix dernières années.

La France est actuellement dotée d'un statut de la transfusion, d'un réseau d'établissements dirigés par des praticiens qualifiés, de centres spécialisés dans la production de dérivés rares et orientés vers la recherche scientifique et le perfectionnement des techniques.

Soixante-dix autres ont été créés depuis 1945. Le pays est ainsi muni d'un " réseau transfusionnel " dont l'action s'étend pratiquement à tous les départements.

Actuellement le potentiel de production répond entièrement à la consommation. Depuis dix ans en effet le ministère de la santé publique et de la population s'efforce d'associer au "don du sang" tout citoyen valide remplissant les conditions voulues d'âge. Le nombre de ces donneurs bénévoles a plus que triplé, et le fichier du Centre national compte à lui seul plus de deux cent mille noms.

Au donneur régulier, rétribué, qui se présentait une ou deux fois par mois dans un service de transfusion se substitue peu à peu le donneur bénévole, qui offre son sang deux ou trois fois par an et l'offrira moins souvent encore au fur et à mesure que le nombre total des donneurs augmentera.

Le vin représente-t-il un apport azoté important dans la ration alimentaire?

L'identification et le dosage des acides aminés libres des vins courants ont permis à M. J.-A. Gautier, professeur à la faculté de pharmacie, d'intéressantes constatations qu'il a également rapportées devant l'Académie.

Sur le plan qualitatif, le vin apporte certainement à l'organisme un appoint en métabolites amino-acides, mais le taux de ces corps reste toujours faible, hors de proportion avec les besoins quotidiens de l'homme ; cette boisson ne représente donc qu'une source assez secondaire, et surtout hors de proportions avec la nuisance de l'alcool.

Des recherches en cours montrent qu'au contraire les jus de raisins frais sont plus riches en amino-acides libres, la fermentation ultérieure tendant à en diminuer le taux.

Élections

L'Académie de médecine a élu correspondants nationaux MM. Debenedetti, de Bordeaux, et Sedallian, de Lyon.

Le docteur Sabin présente à l'Institut Pasteur son nouveau vaccin antipoliomyélitique

Le docteur Albert Sabin, professeur à l'université de Cincinnati, a fait une conférence à l'institut Pasteur. Ce savant a mis au point un vaccin contre la poliomyélite à base de virus vivants, " atténués " par passages successifs sur des chimpanzés. Son vaccin est donc différent de celui qu'a mis au point le docteur Sal, qui est obtenu, on le sait, à partir de virus traités par le formol.

Le sérum du docteur Sabin a été inoculé l'été dernier à quatre-vingts volontaires américains. Les résultats, "déclare le praticien américain, ont été excellents, et au printemps prochain le nouveau vaccin sera utilisé pour préserver de la maladie une groupe important de la population brésilienne.

DE L'USAGE A L'ABUS DU VIN

Par Le docteur ESCOFFIER-LAMBIOTTE, 22 mai 1959

Toutes les études consacrées depuis cinq ans à l'alcoolisme prévoyaient les difficultés que rencontrent aujourd'hui les viticulteurs. La consommation moyenne des Français en boissons alcoolisées, et en particulier en vin, étant devenue dangereuse pour la santé publique, il fallait souhaiter qu'elle diminue mais, simultanément, envisager les mesures indispensables pour que trois ou quatre millions de citoyens, producteurs, industriels ou distributeurs, n'aient pas à souffrir de cette nouvelle situation. La politique préconisée tant par le Haut Comité d'étude et d'information sur l'alcoolisme que par le Comité national de défense contre l'alcoolisme comportait donc à la fois :

1) Une information judicieuse " visant à distinguer les consommations excessives et modérées et à préserver les produits respectables " ;

2) Des mesures de reconversion propres à éviter des désordres économiques et sociaux nuisibles à l'intérêt général.

La campagne d'information entreprise depuis cinq ans commence à porter ses fruits. Il serait regrettable que le malaise actuel en fit oublier les très graves motifs et la détournât de ses objectifs.

Les limites de sécurité

L'état d'imprégnation alcoolique (bien souvent constaté chez des individus n'ayant jamais atteint l'ivresse) se produit en général lorsque la dose d'alcool journellement ingurgitée dépasse 1 centimètre cube d'alcool pur par kilogramme de poids du corps (1). Au delà l'alcool ne peut plus être éliminé par les cellules ; il s'accumule dans le sang et les divers organes qu'il altère à la longue. Contrairement à une opinion très répandue, cette dose limite ne dépend nullement du degré de l'alcool consommé, qui n'a d'influence que sur l'état d'ivresse. En effet, l'ivresse, ou intoxication du système nerveux dont l'alcool est un poison électif, est fonction de la concentration d'alcool dans le sang à un moment donné. Cette concentration sera plus rapidement élevée, à quantité égale d'alcool, pour une boisson à densité d'alcool plus grande (liqueur) ou pour une boisson non diluée par l'absorption simultanée d'aliments. Mais l'effet final de l'alcoolisation ne dépend que de la quantité d'alcool excédentaire baignant l'organisme, qu'elle ait été plus ou moins diluée, prise à jeun ou non. C'est ainsi qu'un litre de vin à 10 degrés, contenant 100 centimètres cubes d'alcool, a sur l'organisme un effet identique aux neuf à dix petits verres de cognac correspondants.

Tous les rapports étrangers, et en particulier ceux de l'Organisation mondiale de la santé, soulignent le caractère aggravant de cet alcoolisme méconnu, coutumier, évoluant à bas bruit et spécifique, semble* t-il, de notre pays.

La dose limite de sécurité peut en revanche varier avec divers facteurs, tels que l'activité physique, l'état de santé, l'âge ou le mode de consommation (l'alcool est beaucoup plus nocif lorsqu'il est absorbé à jeun). Le corps médical a fixé les limites au delà desquelles le vin régulièrement consommé représente un danger certain, aux quantités moyennes suivantes (en vin rouge à 10 degrés, dont un litre contient 100 centimètres cubes d'alcool) :

- Pour le travailleur de force très actif : 1 litre par vingt-quatre heures ;
- Pour le travailleur moyennement actif : 0 1. 75 par vingt-quatre heures ;
- Pour les femmes : 0 1. 50 par vingt-quatre heures :
- Pour les adolescents : 0 1. 25 par vingt-quatre heures (et jamais pur, mais largement dilué) ; "- Pour les enfants de moins de quatorze ans : jamais de vin, qui est toujours toxique.

Si ces quantités étaient respectées la consommation annuelle de vin ne dépasserait pas en France 456 millions de litres. Or c'est autour de 650 millions de litres qu'elle s'établissait jusqu'en 1958, ce qui représente un excédent de 37 % (2).

Il a été calculé que de 1950 à 1954 la consommation moyenne avait été de plus de 200 litres de vin par Français adulte. En Italie, où la vigne est cependant, elle aussi, une richesse nationale, les chiffres sont deux fois moindres.

Il y a plus grave encore que cette consommation moyenne trop élevée : c'est le nombre des buveurs excessifs.

L'imprégnation vinique

Ledermann a indiqué que 20 % des Français adultes absorbent de 1 à 2 litres de vin par jour, et 7 % plus de 2 litres. Ainsi quatre millions et demi de Français boivent plus que de raison et près de deux millions sont dans un était d'imprégnation éthylique grave.

Les enfants ne sont pas épargnés et le professeur Heuyer, le docteur Serin et bien d'autres ont montré que certaines familles, parmi les plus évoluées, entretiennent chez les jeunes un alcoolisme vinique discret, dont les conséquences nocives sur l'équilibre physique et psychique ont été clairement établies. Les recommandations catégoriques du corps médical, selon lesquelles un enfant de moins de quatorze ans ne doit boire ni vin ni alcool sous quelque forme que ce soit, n'ont pas été suffisamment diffusées. Le ministre de l'éducation nationale n'a fait renoncer, que tout récemment, les établissements d'enseignement et les collectivités publiques à ce vin, obligatoirement distribué " non coupé d'eau " aux écoliers (3).

Le vin rouge et l'asile

L'alcoolisation excessive est, pour 70 %, due au vin. Elle intervient pour 40 % dans le peuplement de nos hôpitaux et dans celui des asiles psychiatriques. Une étude portant sur la totalité des hommes du Pas-de-Calais hospitalisés en un an pour alcoolisme a montré à ce propos que le vin rouge était en cause dans 97,10 % des cas, et responsable à lui tout seul de 50,72 % de ces internements! L'enquête concernant les psychoses éthyliques en Vendée indique des chiffres analogues : 50 % d'entre elles sont dues exclusivement au vin. Enfin l'alcool vient au quatrième rang des causes de mortalité en France et doit être tenu pour responsable d'une forte proportion des accidents graves de la route.

Il est peut-être utile de noter à ce propos que la dose critique de 0,10 à 0,15 gramme d'alcool pour 100 centimètres cubes de sang est atteinte, et ce durant les cinq heures suivant le repas, par toute personne ayant absorbé 100 à 150 centimètres cubes d'alcool pur. Cette dose correspond à trois quarts de litre de vin à 12 degrés d'alcool.

Mauvais régime alimentaire et mauvais vin

Les conséquences nocives de l'abus du vin sont nettement aggravées par des facteurs divers, dont les uns tiennent au mode de vie des buveurs et les autres à la qualité des boissons.

L'anxiété, les sentiments d'insécurité, si fréquents dans un monde mécanisé, sont des facteurs de déséquilibre organique et psychique, et sensibilisent aux effets des toxiques ou de l'alcool.

De même, la sous-alimentation ou l'alimentation mal équilibrée contribuent, en France, à l'alcoolisation. D'une part la carence en certains aliments protecteurs aggrave les effets de l'alcool, et d'autre part l'espacement trop grand des repas et leur pauvreté en calories incitent les travailleurs à cette consommation du vin à jeun si nocive pour l'organisme.

Les remarquables enquêtes effectuées par le docteur Tara dans divers milieux et dans de nombreuses cantines d'entreprise mériteraient une large diffusion. Elles démontrent que le rythme et la composition des repas ne sont plus adaptés en France aux nécessités du travail et qu'une action éducative s'impose auprès des ménagères comme auprès des chefs d'entreprise. De même, de nombreuses enquêtes ont prouvé que l'hygiène des locaux de travail influence nettement la consommation du vin, et que des distributions de boissons non alcoolisées devraient être prévues dans les ateliers où la chaleur, la sécheresse ou la poussière favorisent la déshydratation. L'expérience poursuivie dans ce sens par la Régie Renault et par les trente

établissements de la S.E.I.T.A. (Service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes) est concluante, et devrait être généralisée.

Enfin de nombreux auteurs ont cliniquement ou expérimentalement démontré que les " mauvais vins " sont plus dangereux que les vins de qualité. Certains proviennent de plants médiocres - qu'il faudrait arracher - et leur acidité provoque des lésions du tube digestif ; d'autres sont traités par des substances diverses, dont la toxicité vient s'ajouter à celle de l'alcool.

Trois solutions possibles

Les très nombreux rapports publiés depuis quelques années démontrent que les inquiétudes du corps médical devant les effrayants ravages provoqués en France par l'abus du vin sont justifiées.

Celles des viticulteurs ne le sont pas moins, si l'on songe à l'inextricable situation économique où les a conduits l'absence presque totale d'une " politique de l'alcool " cohérente.

La donnée de base est la suivante : la production française du vin dépasse une consommation considérée déjà par les hygiénistes comme dangereuse. Il semble qu'il y ait à ce problème trois solutions possibles :

1) Ou bien l'on tente, par une publicité bien conduite, de développer encore la consommation intérieure. Il faut interpréter dans ce sens les attaques actuellement menées dans certains milieux contre l'action du Comité national de défense contre l'alcoolisme ;

2) Ou bien l'on réitère le ruineux palliatif de 1955, et l'on distille aux frais de l'État l'excédent de vin ;

3) Ou bien l'on rejette délibérément les contradictions et les incohérences du passé pour adopter une politique vinicole constructive autant qu'impopulaire, comportant en particulier l'arrachage des vignes et la reconversion agricole de certaines régions, l'encouragement à la fabrication des jus de fruits et de raisin par des mesures de détaxation, des tarifs de transport préférentiel et une meilleure organisation du marché, et aussi l'intensification de l'exportation vers l'étranger de certains vins de qualité, des fruits et jus de fruits, et en particulier des raisins de table. Cela à la seule lumière de considérations d'intérêt général auxquelles les intérêts à long terme de la viticulture française sont d'ailleurs étroitement liés.

La première de ces trois solutions provoquerait la juste indignation du corps médical et d'une bonne partie de l'opinion publique.

Il est regrettable que la seconde soit encore envisagée à une époque où règnent dans un bon tiers du monde la misère et la famine, et que l'on puisse encourager plus longtemps des hommes à produire une richesse qu'il faut ensuite détruire.

Il semble donc bien que l'heure soit venue de rejeter une organisation économique et des habitudes périmées, qui n'auraient plus leur place dans le monde de l'avenir, et dont se détournent déjà les jeunes générations.

(1) Soit, pour un homme sédentaire de 75 kilos, trois quarts de litre de vin à 10 degrés.

(2) Rapport présenté au trente-sixième congrès d'hygiène par le docteur Aujaleu, directeur général de la santé publique.

(3) Une circulaire du 8 novembre 1951 prescrivait que le vin soit servi pur dans Ma établissements scolaires.

Une séance solennelle termine à l'Unesco la Semaine nationale des hôpitaux

Par Dr E. L., 14 mai 1962

M. Fontanet, ministre de la santé publique, préside, le samedi 12 mai, au palais de l'Unesco, la séance solennelle organisée par la Fédération hospitalière de France pour clôturer la Semaine nationale des hôpitaux.

Un effort particulier de tous les centres hospitaliers de France a permis durant cette semaine de mieux faire connaître et comprendre au public l'importance de l'hôpital dans la vie sanitaire et sociale du pays, les difficultés qu'il rencontre pour l'accomplissement de sa mission, et les progrès accomplis tant sur le plan de l'équipement que sur celui de l'humanisation.

Ces difficultés sont multiples, et vont de l'insuffisance de l'équipement et des locaux à la carence en personnel. M. Veyret, directeur général des hospices de Lyon, a précisé par exemple que ses hôpitaux ne disposaient que de 6 200 employés, ouvriers, ou infirmiers, pour plus de 10 000 malades. Aux États-Unis, a-t-il indiqué, la proportion habituellement respectée est de trois employés pour un malade.

Pour un meilleur accueil

Le ministre de la santé publique vient de prendre à ce propos certaines dispositions tendant à pallier l'insuffisance critique du personnel hospitalier ; les établissements hospitaliers publics sont notamment autorisés à recruter des infirmiers et infirmières à temps partiel chaque fois que le recrutement de personnel titulaire s'avère insuffisant.

Ces dispositions permettront sans doute d'améliorer les conditions d'hospitalisation et de traitement des malades ; elles devront cependant s'accompagner, comme l'a montré M. Morlé, directeur du centre hospitalier de Brest, d'un très grand effort d'humanisation afin que le malade ne ressente plus envers l'hôpital cette crainte, ou même cette répulsion, qui n'est qu'un héritage du temps passé.

Deux millions de Français, soit un citoyen sur vingt, passent chaque année dans les établissements hospitaliers ; ces deux millions de Français doivent obtenir de l'hôpital auquel ils s'adressent non seulement les soins nécessaires, mais aussi l'accueil chaleureux et l'aide indispensable pour qu'ils s'y sentent traités en êtres humains.

La Fédération hospitalière de France entreprend un très grand effort en ce sens, et le docteur Aujaleu, directeur général de la santé publique, lui, a rappelé que l'hôpital avait perdu le monopole qu'il avait à l'égard de la population, et qu'il lui fallait " devenir concurrentiel " s'il entendait conserver sa clientèle. La concurrence des cliniques dites " conventionnées " risque en effet d'être très forte, bien que la qualité technique des soins apportés à l'hôpital soit inégalable.

La Semaine hospitalière annuelle est donc essentiellement axée sur les " relations publiques " qui permettent de faire mieux comprendre la vie à l'hôpital, et aussi de renseigner de façon plus satisfaisante ceux que l'on y soigne, et ceux qui y sont employés.

Des livrets seront édités à cette fin, guidant à la fois le malade et l'infirmière dans la " cité hospitalière ". L'éducation du personnel sera développée ; dans certains établissements des hôtesses accueilleront les malades et les visiteurs. D'autres dispositions seront peu à peu développées afin de perfectionner l'organisation hospitalière et son humanisation. Il faut souhaiter que des crédits suffisants permettent l'application réelle de ces louables dispositions ; certains de nos hôpitaux en sont en effet restés à un état de délabrement et de misère tel que nulle bonne volonté ne pourrait l'humaniser.

UNE POLITIQUE DE LA PRÉVENTION

22 février 1964

l'ouvrage de MM. Huet, président de la commission d'hygiène sociale au Conseil général de la Seine, et Rivière, directeur de l'hygiène sociale à la préfecture, a été présenté jeudi à l'Hôtel de Ville par M. Dardel, président du Conseil général de la Seine. Soulignant l'intérêt de ce livre, auquel ont collaboré d'éminents spécialistes, M. Dardel a mis en évidence les efforts de prévention dans le département. À L'INSTITUT NATIONAL D'HYGIÈNE. - Le docteur Eugène Aujaleu, professeur agrégé de médecine, vient d'être nommé directeur de cet organisme, en remplacement du professeur Bugnard, qui part en retraite. Le docteur Aujaleu, qui était précédemment directeur général de la santé publique, sera remplacé par le docteur J.-P. Robin, inspecteur divisionnaire de la santé à Lyon.

Le vote de la France pour la Chine populaire à l'Organisation mondiale de la santé surprend et inquiète les États-Unis

La décision prise par la France de soutenir l'admission de la Chine populaire à l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) a été accueillie avec inquiétude et amertume à Washington, de même qu'à Genève dans la délégation américaine.Le porte-parole du département d'État a déclaré qu'il y avait là une " sérieuse différence d'opinion " entre la France et les États-Unis, et précisé que ceux-ci n'avaient été avisés de la position française que quelques heures avant le débat.

Le Monde, 5 mars 1964

C'est mardi au Palais des nations de Genève, comme nous l'avons rapporté hier dans notre dernière édition, que le docteur Aujaleu, chef de la délégation française, a annoncé que le gouvernement français était en faveur de l'admission de la République populaire de Chine à l'O.M.S. Comme chaque année, un débat s'était ouvert sur le problème de la représentation de la Chine, quand à la surprise générale le docteur Aujaleu fit son annonce en quelques mots, applaudi par les délégués du bloc communiste et de nombreux " afro-asiatiques ".

Une large majorité des délégués, cependant, a voté pour le maintien du délégué de la Chine nationaliste au siège qu'il occupe. Le vote a été : 51 voix en faveur du statu quo, 21 pour la Chine populaire et 22 abstentions. Avec la France ont voté, entre autres, l'Algérie, le Cambodge, le Ghana, la Guinée, le Mali et la Somalie. La Norvège, la Suède et la Yougoslavie ont figuré parmi les puissances qui se sont abstenues. Le vote portait en fait sur l'adoption du rapport de la commission des pouvoirs. La plupart des pays d'Afrique ont voté contre, soit pour contester la représentation de Formose, soit pour s'opposer à la présence d'une délégation d'Afrique du Sud, soit pour ces deux raisons.

Le docteur Aujaleu a été élu plus tard dans la journée, à l'unanimité, président de la commission permanente de l'O.M.S. M. Afridi (Pakistan) a été élu président de l'assemblée.

A Paris, un porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré à la presse étrangère que le vote de la France à l'O.M.S. n'est que la " conséquence normale et logique " du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Comme on lui demandait quelle serait la position française en ce qui concerne le siège chinois au Conseil de sécurité, il a répondu que cela dépendrait de la façon dont le problème sera soulevé.

La position américaine, affirmée à Washington et soutenue par la délégation américaine à Genève, est qu'il n'appartient pas à une " assemblée de docteurs " comme l'assemblée de l'O.M.S. de se prononcer sur des problèmes politiques, mais qu'il revient à l'Assemblée générale des Nations unies de décider quels pays sont membres de l'Organisation et des organisations annexes.

Le porte-parole du département d'État, M. Richard Phillips, a affirmé de nouveau, mardi, après le vote de Genève, que les États-Unis considèrent la Chine nationaliste comme le seul représentant chinois légal aux Nations unies et dans leurs organisations spécialisées, et continueront à s'opposer à toute initiative semblable à celle de la France dans tous les organismes des Nations unies.

Au siège des Nations unies à New-York, le vote de Genève est considéré comme marquant l'ouverture d'une campagne qui risque d'accélérer l'admission de la Chine communiste dans l'Organisation mondiale. On commence à craindre dans les milieux américains que la position française n'entraîne les pays africains à l'imiter. Actuellement, on estime, d'après les pointages, que la Chine nationaliste peut mobiliser en sa faveur cinquante-cinq voix, et la Chine populaire quarante-cinq, avec les voix de la France et du Congo-Brazzaville. Il suffirait donc, si la décision est prise à la majorité simple, que six pays modifient leur vote pour que la Chine populaire l'emporte. L'événement surviendra sans doute en novembre ou en décembre, quand la question chinoise se posera devant l'Assemblée générale.

LE DOCTEUR AUJALEU directeur de l'Institut national d'hygiène ; LE DOCTEUR ROBIN directeur général de la santé

Le Monde, 29 février 1964

Un décret, publié au Journal officiel du 28 février, confirme la nomination, que nous avons récemment annoncée, du docteur Eugène Aujaleu au poste de directeur de l'Institut national d'hygiène, en remplacement du professeur Bugnard, appelé à d'autres fonctions. Aux termes d'un second décret le docteur Aujaleu est remplacé, comme nous l'avons également dit, au poste qu'il occupait précédemment de directeur général de la santé publique au ministère de la santé publique et de la population par le docteur J.-P. Robin, inspecteur divisionnaire de la santé à Lyon. [Né le 29 octobre 1903 à Négrepelisse (Tarn-et-Garonne), le docteur Eugène Aujaleu, médecin des hôpitaux militaires, a été successivement professeur agrégé dans la chaire d'épidémiologie au Val-de-Grâce (1936-1939), inspecteur général de la santé (1941), directeur des services de la santé du Comité français de libération nationale et du gouvernement provisoire d'Alger (1942-1944), directeur de l'hygiène sociale au ministère de la santé (1945), directeur général de la santé (1956), président du conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (1959- 1960). Il est commandeur de la Légion d'honneur.][Le docteur Robin, né au Puy, est âgé de soixante-trois ans. Diplômé de la faculté de médecine et ancien interne des hôpitaux de Lyon, il exerça pendant une dizaine d'années avant de faire partie, en 1937, de la première promotion d'inspecteurs départementaux de la santé. Inspecteur régional en 1939, puis, en 1945, directeur régional de la santé, le docteur Robin n'a jamais quitté Lyon, où il a la réputation d'être un excellent administrateur.]

UN NOUVEL EXEMPLE DE COOPERATION ENTRE ETATS : LE CENTRE INTERNATIONAL DE RECHERCHE SUR LE CANCER Un compromis entre un organisme indépendant et une institution incluse dans l’O. M. S.

EUGENE AUJALEU, Le Monde Diplomatique, nov. 1965

Alors que tout le monde s’accorde sur l’intérêt de coordonner et d’intensifier les recherches sur le cancer, il aura fallu toute l’autorité du général de Gaulle, l’action persévérante de M. Marcellin, ministre de la santé publique et de la population, et deux ans de négociations pour créer le Centre international de recherches sur le cancer, lui donner un statut et assurer son financement. Il est vrai que cet organisme est sans précédent, tant en ce qui concerne son statut que ses attributions. Le problème était le suivant : instituer un organisme intergouvernemental disposant de moyens financiers importants qui s’efforcerait, grâce à ses moyens et à l’autorité scientifique de ses conseils, d’orienter et de coordonner la recherche sur le cancer dans le monde et de subventionner les activités qui lui paraîtraient les plus intéressantes pour aboutir à la connaissance, à la prévention et à la guérison du cancer. Ceci à J’exclusion de toute recherche de laboratoire effectuée par le Centre lui-même, ces recherches devant être confiées aux laboratoires nationaux les plus qualifiés pour les mener. Un premier obstacle d’ordre juridique venait de ce que tous les Etats, en ratifiant la constitution de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), ont confié à cette organisation internationale la mission «d’agir en tant qu’autorité directe et coordinatrice dans le domaine de la santé des travaux ayant un caractère international». Il n’était pas douteux que les activités que l’on voulait confier à un Centre international de recherches sur le cancer tombaient sous le coup de ces dispositions. Or les gouvernements qui avaient accepté d’unir leurs efforts pour améliorer la recherche cancérologique dans le monde, tout en appréciant l’activité de l’O.M.S. au sein de laquelle ils jouent d’ailleurs un rôle important, craignaient que la procédure de cette Organisation, et notamment la nécessité de soumettre les projets à une assemblée de près de cent vingt membres, ne soit pas assez souple. Ils redoutaient en fin de compte que leurs efforts pour la recherche sur le cancer ne se trouvent dilués dans l’action générale de l’O.M.S. et pensaient que l’opinion publique de leurs pays, dont on pouvait attendre beaucoup pour le financement du futur centre, serait plus sensible à la création d’un organisme autonome et moins impersonnel qu’une grande organisation spécialisée des Nations unies dont le cancer, au demeurant, ne pouvait pas être la préoccupation essentielle. Par contre, les mêmes gouvernements étaient conscients des difficultés qui ne manqueraient pas de se poser à propos notamment des problèmes de personnel, de retraite, de gestion de fonds, etc., dans un organisme international complètement indépendant, administré par un petit nombre de personnes et qui se voulait essentiellement un étatmajor de la recherche cancérologique. La Constitution de l’O.M.S. a finalement fourni la solution de compromis qui évite les inconvénients des deux formules primitivement envisagées : l’organisme totalement indépendant et l’inclusion dans l’O.M.S. L’article 18 de la Constitution prévoit en effet que l’une des attributions de l’Assemblée mondiale de la santé (réunion des représentants des Etats membres de l’O.M.S.) est de «créer dans le domaine de la santé toutes institutions qu’elle estimerait désirables en vue de promouvoir et de conduire la recherche». Il suffisait donc d’obtenir de l’Assemblée qu’elle accepte de créer le Centre international de recherches sur le cancer et qu’elle décide que cette institution fonctionnerait conformément aux dispositions d’un statut administratif et financier qui lui serait proposé par les cinq pays qui avaient pris l’initiative de créer ce Centre. C’est ce qui a été fait par l’Assemblée mondiale de la santé, dans un vote unanime, le 20 mai dernier, à la suite des efforts conjugués des représentants à l’O.M.S. des cinq pays (Allemagne, Etats-Unis, France, Italie, Grande-Bretagne) et du D’ Candau, directeur général de l’O.M.S., dont la collaboration dans toute cette affaire a été inestimable. Le Centre international de recherches sur le cancer est une institution de l’O.M.S. jouissant d’un statut qui lui accorde un conseil de direction indépendant, une autonomie financière complète et la liberté la plus totale des décisions d’ordre technique. Cette indépendance est encore accentuée par l’implantation du Centre à Lyon et non à Genève, où se trouvent les services centraux de l’Organisation mondiale de la santé. Par contre, J’administration de ce Centre est placée sous la haute autorité du directeur général de l’O.M.S., et les services de l’O.M.S. (services administratifs, financiers, de traduction, d’interprétation, etc.) seront largement utilisés par le Centre. La structure interne Le Centre comprend un conseil de direction, un conseil scientifique et un secrétariat ayant à sa tête un directeur. Le conseil de direction est l’autorité supérieure du Centre. Il est composé d’un représentant de chaque Etat participant et du directeur général de l’O.M.S. Actuellement sept Etats participent aux responsabilités du Centre puisque l’Australie et l’U.R.S.S. se sont jointes en septembre dernier aux cinq Etats qui avaient pris l’initiative. D’autres Etats ont manifesté leur intention d’adhérer prochainement, et on peut penser que très rapidement le conseil de direction comprendra une quinzaine de membres. Le conseil de direction adopte le budget, contrôle les dépenses, fixe l’effectif du personnel et, après examen des recommandations du conseil scientifique, établit le programme des activités du Centre. Au cours de sa première session en septembre dernier, le conseil de direction a adopté le règlement financier et le règlement intérieur du Centre, a désigné le conseil scientifique et a choisi le directeur qui sera nommé, conformément aux statuts, par le directeur général de l’O.M.S. Le conseil scientifique est certainement l’organisme le plus important du Centre. Il est composé de douze personnalités scientifiques choisies pour leur compétence dans le domaine de la recherche sur le cancer et les domaines connexes, sans considération de nationalité ni d’équitable répartition géographique, comme l’on dit dans les organisations internationales. Actuellement, cinq membres du conseil scientifique appartiennent à des pays qui ne participent pas et ne participeront peut-être jamais aux responsabilités du Centre. Les membres sont nommés pour trois ans et ne sont pas rééligibles immédiatement. Le conseil scientifique a pour mission générale de définir la politique scientifique du Centre et de déterminer les orientations à donner à la recherche cancérologique. Plus particulièrement et dans ce cadre général, il doit préparer et proposer à l’approbation du conseil de direction le programme d’activité qui sera financé par le budget ordinaire du Centre, et les projets spéciaux qui pourront être mis en œuvre si des contributions bénévoles s’ajoutent aux cotisations des Etats participants. Le conseil scientifique doit également, à l’intention du conseil de direction, apprécier les activités du Centre et formuler périodiquement des avis sur ces activités. Le secrétariat constitue, sous l’autorité générale du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, l’organe administratif du Centre. Il se compose d’un directeur et du personnel nécessaire. Le directeur, qui doit être un médecin au courant des problèmes de recherche cancérologique, prépare les programmes futurs et les prévisions budgétaires, surveille la mise en œuvre du programme en cours et dirige les activités administratives et financières. Il doit présenter à chaque Etat participant et à l’O.M.S. un rapport annuel sur les travaux du Centre et les prévisions budgétaires pour l’exercice suivant. Le directeur et le personnel du secrétariat ont le statut du personnel de l’O.M.S. Deux sources de financement Le financement des activités du Centre est assuré par deux catégories de ressources : d’une part, les contributions annuelles des Etats participants; d’autre part, les dons ou subventions spéciales émanant de toute personne physique ou morale ou de tout gouvernement, y compris les gouvernements des Etats participants qui peuvent ajouter à leur contribution annuelle obligatoire. La contribution annuelle est la même pour chaque Etat participant, au contraire de ce qui se passe à l’O.N.U. ou dans ses institutions spécialisées, et notamment à l’O.M.S. Elle a été fixée à 150 000 dollars, soit environ 750 000 F, après de longues discussions au cours desquelles le gouvernement français a essayé d’obtenir qu’elle soit plus élevée. Ce montant ne pourra être modifié pendant cinq ans que par une décision unanime du conseil de direction. Après cette période, il suffira d’une majorité des deux tiers pour l’augmenter. Les biens et avoirs du Centre font l’objet d’une comptabilité séparée de celle des fonds et avoirs de l’O.M.S. et sont gérés par le conseil de direction. Le Centre dispose donc de deux catégories de ressources : des ressources certaines constituées par les contributions annuelles des membres, et des subventions bénévoles aléatoires dont l’importance peut être très variable selon les années. Aussi doit-il mettre en œuvre deux programmes distincts correspondant à ces deux catégories de ressources. Le programme d’activités permanentes est financé par les contributions annuelles. Il comprend les dépenses administratives, le rassemblement et la diffusion des renseignements portant sur l’épidémiologie du cancer et la recherche cancérologique, l’instruction et la formation du personnel pour la recherche cancérologique (attributions de bourses), et un programme d’enquêtes épidémiologiques et de recherches en cancérologie dont l’exécution est confiée à des équipes ou à des laboratoires nationaux qui recevront des subventions à cet effet. Les contributions bénévoles supplémentaires doivent être utilisées à des activités complémentaires du programme permanent, à la démonstration d’activités pilotes en matière de prévention du cancer et à l’octroi d’aide à la recherche sur le plan national. Le budget actuel du Centre est modeste puisqu’il s’élève à 5 250 000 F, mais les adhésions prochaines doivent permettre d’atteindre rapidement 10 millions de F, somme à laquelle s’ajouteront sans doute des contributions bénévoles. Et l’on peut supposer que, devant l’importance des besoins qui sera mise en évidence par le conseil scientifique, les Etats accepteront assez vite d’augmenter leur contribution, surtout s’ils ont le sentiment que l’argent versé au Centre est bien employé. Un dernier mot sur la procédure d’adhésion de nouveaux pays. Tout Etat membre de l’O.M.S. peut être admis si le conseil de direction reconnaît, à la majorité des deux tiers, que ledit Etat se trouve en mesure d’apporter une contribution efficace aux activités scientifiques et techniques du centre, et si cet Etat s’engage à verser la contribution annuelle en vigueur. Comme il a été indiqué plus haut, le siège du Centre a été fixé à Lyon sur proposition du gouvernement français. La ville de Lyon a mis à la disposition du Centre un immeuble qui doit permettre l’installation provisoire de l’organisme (1). Mais il sera nécessaire de construire des locaux plus vastes et mieux adaptés aux besoins du Centre. La ville de Lyon a offert le terrain; le financement de l’immeuble à construire sera vraisemblablement assuré par des contributions de l’Etat, du département du Rhône et de la ville de Lyon

 

Le Monde ,16 juin 1972 Moscou. (A.F.P.). 

M. Eugène Aujaleu, directeur honoraire de l'Institut français de la santé et de la recherche médicale, et conseiller d'Etat en service extraordinaire, a signé mercredi 14 juin, à Moscou, avec le vice-ministre de la santé de l'U.R.S.S., M. Serguei Bourenkov, un nouveau plan de coopération franco-soviétique dans le domaine de la médecine. Le plan, qui prévoit en premier lieu des travaux de recherche en cancérologie et rhumatologie, porte aussi sur les questions de génétique, de greffes d'organes et de tissus et sur l'utilisation d'ordinateurs en matière de statistiques médicales.

Mme VEIL A MIS EN PLACE LE NOUVEAU CONSEIL SUPÉRIEUR D'HYGIÈNE PUBLIQUE

Le Monde, 26 février 1976

Mme Simone Veil, ministre de la santé, a procédé, mardi 24 février à la mise en place du Conseil supérieur d'hygiène publique, rénové, dirigé par le professeur Eugène Aujaleu. Mme Veil a notamment déclaré : " Les attributions du Conseil dépassent maintenant très largement le strict domaine de l'hygiène, ou plus exactement elles se définissent dans le sens le plus moderne, le plus évolutif donné à ce terme, c'est-à-dire une prévention orientée vers un mieux-être de l'individu et de la collectivité locale. " Le Conseil supérieur, a encore indiqué Mme Veil, sera maintenant davantage associé à l'organisation de la prévention. Ce conseil est le plus vieil organisme consultatif dans le domaine de la prévention sanitaire ; il est consulté sur tout ce qui concerne l'hygiène et la santé, par exemple les projets de stations d'épuration, les problèmes d'alimentation… La réforme qui vient d'intervenir amène notamment à une déconcentration des services.

RÉUNIE À GENÈVE L'Assemblée mondiale de la santé adopte un " code international de commercialisation des substituts du lait maternel"

Genève - L'Assemblée mondiale de la santé, organe exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), réunie à Genève, a adopté à une écrasante majorité, le mercredi 20 mai, le " code international de commercialisation des substituts du lait maternel " préparé depuis plusieurs années en collaboration avec l'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance). L'opposition des principales firmes industrielles en cause et des États-Unis n'aura pas suffi à obtenir des délégués qu'ils renoncent à un projet aussi longuement mûri.Les conséquences juridiques et économiques de cette décision ne devraient pas tarder à apparaître, de même que l'effet de contagion - espéré par les uns, redouté par les autres - sur d'autres branches industrielles, à commencer, sans doute, par l'industrie pharmaceutique.

CLAIRE BRISSET, Le Monde, 22 mai 1981

C'est par quatre-vingt-treize voix contre trois (1) et neuf abstentions que l'Assemblée mondiale de la santé a adopté ce " code " préparé de longue date par les délégués des deux institutions internationales, attendu impatiemment dans l'immense majorité des pays en voie de développement et redouté par quelquesunes des grandes multinationales du monde, à commencer par Nestlé. Plus de cinquante délégués s'étaient inscrits, mercredi après-midi, pour exprimer leur point de vue sur ce sujet. L'ensemble des observateurs réunis à Genève pour la circonstance s'attendaient donc à une charge en règle contre l'industrie des substituts du lait maternel, que les débats de la matinée laissaient présager. Ainsi, la délégation algérienne, dans une intervention particulièrement vive, avait-elle fait part de son amertume devant les manœuvres de dernière heure destinées à édulcorer les décisions qui seraient prises. C'est donc à la surprise générale que, sur proposition de la délégation belge, les cinquante orateurs acceptèrent, à l'issue d'un pré-vote rapide, de renoncer à leurs exposés et que la commission spécialisée de l'Assemblée mondiale adopta, malgré l'absence d'une bonne partie des délégués, le code que devaient entériner, ce jeudi, l'ensemble des représentants en séance plénière. Comment s'explique une décision aussi rapide, qui a pris de court un certain nombre de délégations et provoqué des protestations sur la manière même dont furent menés les débats ? Selon certains, la célérité de la décision résulterait d'une manœuvre de la délégation américaine et des représentants des principales firmes industrielles présents à Genève, soucieux d'éviter que l'après-midi de mercredi ne donne lieu à des exposés détaillés et multiples relatifs aux méthodes de pénétration commerciale de l'industrie des aliments infantiles. Selon d'autres, l'explication résiderait dans la lassitude des délégués et surtout dans leur certitude que le projet de code, malgré l'opposition des États-Unis, serait de toute manière adopté. L'interdiction de la publicité Quoi qu'il en soit, le projet est désormais une recommandation officielle de l'O.M.S. à ses cent cinquante-cinq membres. Selon les principales dispositions de ce texte, les ventes de tous les substituts du lait maternel et autres produits lactés, des biberons, des tétines, ne devraient plus faire l'objet d'aucune publicité " ou autre forme de promotion auprès du grand public ". Les distributions d'échantillons, les cadeaux divers, les ventes promotionnelles devraient cesser, de même que tout contact entre les agents de commercialisation rétribués par les firmes et les mères ou les femmes enceintes. Les établissements hospitaliers, les maternités, ne devraient plus être utilisés pour la promotion des préparations pour nourrissons ; seuls les agents de santé des pays en cause devraient être autorisés à conseiller l'utilisation des laits en poudre. L'étiquetage de ces produits devrait à l'avenir, mentionner expressément la supériorité de l'allaitement au sein, les termes " humanisé " ou " maternisé " devraient disparaître des emballages. D'autre part, les pays sont invités à intégrer cet ensemble de dispositions dans leur législation nationale, l'O.M.S. et l'UNICEF proposant, pour ce faire, la collaboration de leurs juristes. Les États membres seront tenus d'informer le directeur de l'O.M.S. de l'application de ce code qui fera l'objet d'un rapport tous les deux ans à l'Assemblée mondiale de la santé. Dès 1983, la XXXVIe Assemblée mondiale dressera un premier bilan d'application et proposera, le cas échéant, que les dispositions du code soient renforcées, puisqu'elles ne sont, en leur état actuel, qu'un ensemble d'" exigences minimales ". C'est pour obtenir l'adhésion d'un maximum d'États que l'O.M.S. avait renoncé, dès janvier dernier, à proposer que ce code devienne un " règlement international " dont la portée juridique eût été de loin plus contraignante que celle de la simple " recommandation " adoptée mercredi. On peut, en effet, se demander dans quelle mesure il s'imposera aux pays membres et aux sociétés multinationales dont il vise à réduire l'activité commerciale. La première possibilité d'application concerne les pays du tiers-monde, que le nouveau code souhaite protéger des techniques de pénétration des grandes multinationales. Ces États, en effet sont désormais en droit de transformer cette " recommandation " en législation. Le code vise aussi très directement les grandes multinationales productrices d'aliments pour nourrissons installées, dans leur immense majorité, dans les pays industrialisés. Ces dernières se sont regroupées en une association, l'UCIFI (2), dont les représentants étaient très nombreux, ces jours derniers à Genève. Après avoir rappelé, avant l'ouverture de l'Assemblée mondiale, que le projet de code " détaillé et inutilement restrictif interdit des programmes éducatifs essentiels et précise les relations entre l'industrie et les professionnels de la santé ", les membres de l'UCIFI se refusaient, mercredi soir, à toute déclaration. La délégation française, que dirigeait le professeur Eugène Aujaleu, s'est affirmée, comme l'ensemble des délégations de l'Europe des Neuf - et celle de la Suisse - favorable à l'adoption du code. Les autorités françaises reconnaissent volontiers que ce débat aura eu le mente de mettre en évidence certaines pratiques commerciales peu acceptables en France même et condamnées d'ailleurs par les plus importantes des firmes françaises productrices d'aliments infantiles. Le dernier gouvernement de M. Raymond Barre avait, d'ailleurs, élaboré, pour rationaliser ces pratiques, un projet de loi qu'il devait soumettre au vote de l'Assemblée nationale dissoute. Ce projet qui aurait modifié sur ce point le code de la santé visait, comme le fait précisément le texte adopté mercredi à Genève, à interdire toute publicité et promotion, en France même, des substituts du lait maternel ainsi que les distributions gratuites ou quasi gratuites qui se pratiquent dans les maternités. L'adoption du code par l'Assemblée mondiale de la santé marque en tout état de cause une modification de certains rapports de force. De nombreuses délégations de pays du tiers-monde, passé l'effet de surprise provoqué par l'adoption précipitée d'un texte d'une telle importance, montraient mercredi soir une satisfaction évidente. Les moins enthousiastes n'étaient pas les membres d'un groupe contestataire (3), qui, après un boycottage de Nestlé et l'intense action d'information menée en Europe et aux États-Unis, ont vu, ce jour, le couronnement de plusieurs années d'efforts. (1) États-Unis, Bangladesh et Tchad. Ces deux derniers pays devraient, ce jeudi 21 mai, modifier leur vote et accepter, eux aussi le projet de code (2) International Council of Infant food industrie, Les sociétés membres de l'UCIFI, dont Nestlé représentent 85 % des ventes des préparations pour nourrissons dans les pays en voie de développement (3) IBFAN: International Baby Food Action Network

Le récent congrès de Carthagène analysé par le professeur Jacques Ruffié. Par Docteur JACQUES RUFFIÉ, professeur au Collège de France

Le Monde, 17 décembre 1984

L'ÉVOLUTION économique et démographique mondiale, le progrès des sciences biomédicales et des biotechnologies, donnent au sang et à ses dérivés une importance sans cesse accrue et renouvelée qui nécessite une harmonisation des concepts et des objectifs dans tous les pays du monde, prenant en compte les particularités et les possibilités nationales et régionales. La conférence qui vient de se tenir à Carthagène du 25 au 30 novembre, à l'initiative de la Croix-Rouge colombienne, avec l'aide de l'ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) et du gouvernement français, ainsi que de la Fondation Mérieux, a réuni des représentants de tous les pays d'Amérique latine, du bureau régional de l'OMS (Panamerican Health Organization) auxquels s'étaient jointes, à titre d'observateurs, quelques nations du tiers-monde (Inde, Algérie, Chine, Afrique noire, etc.), soit au total trente-cinq États, et quelque deux cents participants, dont une cinquantaine de Français, la plupart reflétant les différents aspects de la transfusion sanguine. En effet, la transfusion sanguine représente sans nul doute l'une des spécialités qui ont fait progresser le plus la médecine, la chirurgie, la biologie humaine au cours de ce siècle. Elle fut rendue possible grâce à la découverte, par Landsteiner, en 1900, du système des groupes sanguins fondamentaux (A, B, O) qui montrait pour la première fois comment chacun de nous possède sa propre identité immunologique (identité qui s'est précisée au fil des ans avec la découverte de nombreux autres systèmes dont le plus complexe est sans doute le système HL-A découvert par Jean Dausset dans les années 50). Après l'ère pastorienne, le facteur limitant les interventions chirurgicales ne fut plus l'infection (grâce à l'aseptie et à l'antiseptie), mais la perte de sang qui finissait souvent par un état de choc irréversible. La transfusion permit de pallier cette menace et, grâce au remplacement permanent du sang écoulé, d'aborder des domaines de la chirurgie lourde et sanglante où les interventions peuvent durer plus de vingt heures, nécessiter plusieurs équipes chirurgicales et des transfusions de 40 à 50 litres de sang. De plus l'utilisation d'appareils à circulation extra-corporelle a rendu possible la déviation, pour un temps, du flux sanguin pulmonaire et cardiaque en dehors de notre organisme et d'aborder la chirurgie à cœur ouvert qui, il y a quelques décennies, passait encore pour de la science-fiction. L'étape suivante a consisté à isoler les principaux éléments qui forment le sang et à n'injecter au malade que ceux dont il a besoin. On peut introduire ainsi dans son organisme, sous un même volume, une quantité bien plus grande de substance active. La première division du sang, qui est aussi la plus simple et la plus commune, consiste à séparer les cellules (phase solide) du plasma dans lequel elles flottent (phase liquide). En fait, il y a plusieurs catégories de cellules que l'on sait maintenant isoler les unes des autres. D'abord les globules rouges, sans noyaux, transporteurs d'oxygène du poumon aux organes (sang artériel) qu'ils déchargent de leur déchet (surtout gaz carbonique (CO 2) "relâché" à son tour dans les alvéoles pulmonaires). Cette ronde sempiternelle des globules rouges, tour à tour oxygénés dans le poumon et carboxylés dans les organes, assure le fonctionnement bio-énergétique de tout notre organisme (chaque cellule a besoin d'oxygène pour remplir ses fonctions). Aujourd'hui, on injecte des globules rouges (purée globulaire) à certains grands anémiques, à ceux qui ont perdu beaucoup de sang par blessures et exigent d'urgence un apport suffisant de leur véhicule d'oxygène. A côté des globules rouges existent plusieurs catégories de globules blancs, à noyaux, dont la fonction essentielle est de protéger l'individu contre les agressions étrangères (microbes, virus, parasites, etc.). Les uns agissent directement en allant au-devant de la substance à détruire qu'ils entourent, attaquent, digèrent (phagocytose). D'autres agissent à distance en fabriquant des substances capables de s'attaquer à l'intrus et d'altérer ses structures. Ce sont les anticorps. Les globules blancs sont injectés à de grands infectés ou à des malades dont les réactions de défense sont momentanément amoindries. Il existe enfin une troisième catégorie de cellules de toute petite taille, les plaquettes sanguines, qui jouent un rôle déterminant dans la coagulation. On injecte du plasma riche en plaquettes à certains malades qui manquent de ces éléments et saignent facilement. La deuxième partie essentielle du sang correspond, nous l'avons dit, à sa phase liquide : le plasma, riche en matières organiques, est formé d'un nombre très élevé d'éléments (quelques dizaines seulement sont bien connus sur les centaines ou les milliers qui existent réellement : hormones, anticorps, vitamines, nutriments, déchets, cholestérol, électrolytes, etc.). Depuis plusieurs années, on sait isoler par fractionnement du plasma total quelques-uns de ces facteurs qui sont d'un précieux secours dans certaines maladies : albumine chez les dénutrits, les opérés, etc. ; anticorps monos ou poly spécifiques pour faire face à une agression correspondante, facteurs de coagulation (tels PPSB, le facteur VIII) chez les malades qui saignent par suite d'anomalies génétiques entraînant des perturbations dans le phénomène très complexe de la coagulation. Jusqu'à présent et, bien que le don du sang soit en France entièrement bénévole et gratuit, ces produits coûtent cher, car ils existent à l'état très dilué dans notre organisme, et il faut des dizaines, voire des centaines, de litres pour fabriquer quelques grammes de chacun d'eux. Aujourd'hui, l'ingénierie génétique est en train de modifier complètement les données du problème. On peut introduire dans une bactérie ou une cellule préparée (hybridome), au moyen d'un véhicule qui est souvent un virus, une zone d'ADN (acide désoxyribonucléique) portant un programme génétique donné (facteur VIII par exemple). Cette cellule " recombinée " et tous ses descendants vont fabriquer en permanence ce facteur VIII. On procède à de véritables " exploitations agricoles ", mais au niveau cellulaire et bactérien, dans des cuves à fermentation. Il suffit d'alimenter régulièrement la colonie et de prélever ce qu'elle produit. Cette méthode offre trois avantages : 1. - Son rendement est élevé : les bactéries n'ont d'autres exigences que nutritionnelles. Une fois mises dans un milieu qui leur est favorable, elles se développent par duplication quasiment à l'infini et travaillent sans arrêt. Pour elles, il n'existe ni vacances, ni jours fériés, ni semaines de 39 heures, ni charges sociales, ni congés de maladie ou de maternité. Ce sont d'infatigables ouvrières. 2. - Leur produit est d'une grande spécificité. Elles fabriquent ce qui correspond à leur programme génétique et à lui seul. Aussi la substance finie est-elle plus facile à purifier. En effet, les fractions de sang humain peuvent conserver de nombreuses molécules " parasites " qui ont parfois des conséquences désastreuses : quand il s'agit par exemple de virus hautement pathogènes tels ceux de l'hépatite ou du syndrome immuno-déficitaire acquis (SIDA). Un pas de plus vient d'être franchi avec les cellules humaines ou animales dont les programmes génétiques ont été sévèrement contrôlés. Elles fabriquent ce qu'on leur impose : jamais plus. D'où, par exemple, la possibilité d'obtenir des anticorps d'une extrême pureté (anticorps monoclonaux correspondant à une spécificité précise, alors que les anticorps extraits du plasma humain ne sont jamais rigoureusement monospécifiques). 3. - Enfin la préparation de ces composantes stables du plasma par des méthodes industrielles, qui ne font plus appel au sang humain, échappe à l'éthique qui s'attache au don volontaire, anonyme et gratuit du sang. Ethique qui a mené beaucoup de pays et d'abord la France, grâce aux règlements mis en place il y a plus de trente ans par le directeur général de la santé publique Eugène Aujaleu, à interdire toute commercialisation des produits sanguins d'origine humaine. En France, la loi fut rigoureusement appliquée. Les rares firmes privées qui préparaient les dérivés sanguins, comme l'Institut Mérieux, le faisaient à partir de placentas considérés comme produit de rebut. Malheureusement, dans d'autres pays, l'Amérique du Nord en particulier, où les deux systèmes bénévole et lucratif coexistent, ce dernier, mû uniquement par l'appat du gain, prélevait n'importe qui au plus bas prix, ce qui n'était qu'une forme moderne de 1’exploitation de la misère humaine et conduisait souvent à mettre sur le marché des produits dangereux (on en a eu un exemple récent avec le SIDA évoqué plus haut). L'on peut ainsi mesurer les dimensions et la complexité actuelle, humaine, économique, voire politique, de la transfusion, particulièrement dans les pays en développement. La création d'un centre important de fractionnement est devenue une entreprise de grande envergure et onéreuse. Il est exclu que les vingt républiques d'Amérique du Sud aient chacune leur industrie. En revanche, beaucoup considèrent peu souhaitable de rester sous la coupe technologique des firmes nord-américaines ou multinationales dont les produits, on l'a vu, n'offrent pas toujours les garanties désirables. Aussi la réunion de Carthagène a-t-elle souhaité l'harmonisation des règles concernant le don du sang en exigeant de tous les participants, sans exception, le bénévolat pur et simple, puis, dans un premier temps, le développement de trois pôles privilégiés : Cordoba, Mexico et Recife, qui seraient d'abord appelés à préparer des fractions à partir des placentas et ultérieurement des prélèvements veineux, cela afin de parer au plus pressé et de satisfaire les besoins les plus urgents de l'Amérique latine. La collaboration des services français producteurs (Institut Pasteur, Institut Mérieux, grands établissements de transfusion sanguine française) devrait permettre la réalisation et le développement rapide de ces centres régionaux de fabrication des éléments stables du sang par les technologies avancées. Ces réalisations, dont notre pays aurait l'entière responsabilité technique, pourraient être mises sur pied avec l'aide de l'ONUDI dans un avenir assez proche. La conférence de Carthagène a souligné enfin le rôle primordial des donneurs de sang, rôle qui restera longtemps irremplaçable pour tous les malades qui ont besoin de cellules : globules rouges ou globules blancs, plaquettes formant chacune à l'échelon microscopique une petite usine d'une extrême complexité. Cette réunion, la première du genre, tenue par un pays industriel à haute technologie (la France) et un groupe de pays beaucoup moins avancés (les républiques latino-américaines) montre ce que pourrait être dans le futur une coopération régionale, fruit du dialogue Nord-Sud. Le prix et la complexité des techniques mises en œuvre exigent désormais que plusieurs entités géographiques et politiques naturellement liées s'entendent désormais pour aboutir à des réalisations communes qui sont audessus des moyens de chacune prise isolément. Une même convergence d'efforts complémentaires tendant aux mêmes objectifs est aussi indispensable à l'échelle d'une région, à l'intérieur d'un pays. Les biotechnologies, seules solutions pour répondre aux défis du troisième millénaire en matière de santé, représentent l'exemple typique de cette indispensable coopération. Le même schéma devrait s'appliquer à bien d'autres parties du monde (Afrique noire, Sud-Est asiatique, etc.) qui, en particulier dans le domaine médical, présentent, par rapport aux nations développées, un retard sans cesse accru et qui pourrait bientôt devenir irréversible, posant alors à l'humanité un problème dramatique.