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Marcel Bessis

Voir aussi : Les nouveaux chirurgiens de la cellule vivante [M. Bessis]


Né en 1917 à Tunis, Marcel Bessis mène ses études secondaires et supérieures au Lycée Janson-de-Sailly et à la Faculté de médecine de Paris.

Externe des hôpitaux en 1937.
Durant la Seconde guerre mondiale, médecin lieutenant, chef du service de transfusion à l'hôpital de campagne 421. Evadé de France, engagé volontaire, Campagnes d'Italie et de France).
Docteur en médecine en 1944. 

Directeur des laboratoires de recherche du Centre national de transfusion sanguine (1947-1961).
Directeur du laboratoire de cytologie de l'Ecole pratique des hautes études (1954-1985).
Professeur agrégé de médecine en 1961.
Professeur à la Faculté de médecine de Paris de 1961 à 1985 (sans chaire) puis, à partir de 1972, titulaire d'une chaire à l'université de Paris-Sud.
Chef du service central d'hématologie du CHU de Bicêtre.
Directeur de l'unité Inserm 48 de pathologie cellulaire, de 1966 à 1985. Il dirige une équipe de médecins, biologistes et physiciens spécialisés dans l'étude de l'anatomie, de la physiologie et de la pathologie cellulaire.

L'unité Inserm 48 « Pathologie cellulaire » au sein de l'Institut du même nom, au Kremlin-Bicêtre

L'unité était située à l'Institut de pathologie cellulaire, au Kremlin-Bicêtre, bâtiment financé par la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST), qui abritait également une unité Claude Bernard et un centre international de colloques de cytologie sanguine.
Cet institut avait été inauguré en janvier 1966 par le ministre de la Santé publique et de la Population.
Son comité scientifique, dont le président était le Professeur A Lacassagne, était composé des personnalités suivantes : Jean Bernard, Louis Bugnard, P Favart, R Fauvert, Raymond Latarjet, 
P Lepine, Georges Mathé, A Policard, J Roche, Ch Salmon, Maurice Tubiana et R Wurmser.
Marcel Bessis était directeur de l'Institut et directeur de l'unité Inserm.

L'unité 48 était un des rares laboratoires au monde où étaient réunies toutes les techniques permettant l'étude morphologique et physiologique (quantitative et qualitative) de cellules isolées. Nombre d'entre elles ont été miniaturisées dans l'unité, permettant l'exploration et l'expérimentation à l'échelle unicellulaire : micro-chirurgie, micro-irradiation par faisceau laser, micro-spectrophotométrie, technique de culture, etc. 
L'unité 48 a constitué un centre de recherche à vocation internationale rassemblant des cytologistes qui souhaitaient utiliser les techniques qui y étaient développées et des chercheurs de différentes disciplines concernées par les recherches qui y étaient menées.

Codirecteur du Centre de recherche sur l'écologie des cellules du sang, à la Salpêtrière, à partir de 1986.

Secrétaire général pour l'Europe (1948-1958), puis membre du conseil, représentant de la France, de la Société internationale d'hématologie
Membre des Comités consultatifs (cancer et leucémie, biologie moléculaire) de la DGRST (1959). 
Membre du Comité national de la recherche scientifique (1960-1964).


Parcours scientifique de Marcel Bessis

Marcel Bessis a débuté dans le laboratoire d'Henri Rouvière (professeur d'anatomie), avec comme condisciples Jean Dausset et Gabriel Richet. La fin de ses études de médecine est interrompue par la Seconde guerre mondiale. Médecin militaire pendant la Campagne d'Italie, Marcel Bessis propose de traiter les blessés victimes d'écrasement musculaire par exsanguino-transfusion.Il reprend ses études en 1945, à la fin de la guerre, et devient l'élève de Arnault Tzanck, qui donne à quelques uns de ceux-ci un laboratoire du centre de transfusion sanguine. Bessis y retrouve Dausset. Sa rencontre avec Jean Bernard a lieu, en 1946, dans les « caveaux-labos » de l'hôpital Saint-Antoine.
Marcel Bessis donne une des premières descriptions de la maladie Rhésus, responsable de l'anémie hémolytique du nouveau-né. Il découvre, au cours d'enquêtes conduites dans les élevages mulassiers du Poitou, que la jaunisse grave du muleton nouveau-né est la conséquence d'un conflit jument -muleton. Il propose, en 1946, le traitement par exsanguino-transfusion du nouveau-né humain atteint de la maladie hémolytique : 80% des enfants sont ainsi sauvés. L'exsanguino-transfusion est ensuite appliquée avec succès au traitement des grandes intoxications et des grandes destructions globulaires. Grâce à ce traitement, la première rémission complète pour un malade atteint de leucémie aiguë est obtenue à l'hôpital Herold, en 1947. 
Pendant le même temps (1946-1949), Marcel Bessis suit les cours du Collège de France : M. Fauré-Premier sur la cellule et M. Lacassagne sur le cancer. 
Il est un des pionniers de la transformation de la science des cellules, la cytologie. Celle-ci, d'anatomique et morphologique devient physiologique. 
Son objet de recherche : la relation entre les structures de la cellule et ses fonctions. Deux grandes orientations : l'étude de l'influence des facteurs extérieurs, de l'environnement, sur les structures et les fonctions de la cellule sanguine ; l'étude directe de cette ultrastructure et de ses relations avec la fonction. 
L'étude du problème lié au facteur Rhésus permet à Marcel Bessis de faire des observations sur le rôle des facteurs extérieurs dans la formation, le développement et la mort des cellules sanguines. Il passe alors à l'étude de celles-ci et va travailler sur l'ultrastructure et les liens entre structure et fonction. Il est l'un des premiers à utiliser le microscope électronique en hématologie. Mais cela ne lui permet que de faire des observations d'"autopsie". Il recourt alors à des techniques plus pointues : microcinématographie accélérée en contraste de phase, micro-irradiation ultra-violette, laser des organelles cellulaires, et imagine des méthodes nouvelles d'étude de la direction des mouvements cellulaires.
Il s'agit de créer une physiologie à l'échelle des angströms. Découvertes des lois qui gouvernent la forme des globules rouges, le passage de la forme de disque à celle de sphère. La naissance des formes anormales, la définition des propriétés mécaniques qui permettent la « déformabilité » nécessaire à la circulation.C'est la naissance de la pathologie du mouvement et du comportement cellulaires, de l'éthologie et de l'écologie cellulaires. Il apporte des données neuves sur la démographie cellulaire, sur la mort cellulaire, la nécrose cellulaire, sur la différenciation cellulaire, qu'il applique à la pathologie.

Résumé de ses travaux scientifiques
· Premier remplacement du sang par exsanguino-transfusion (1939-1950)
· L'immunité mère-enfant chez l'homme et chez les animaux (1945-1950)
· L'étude des structures, ultra-structures, de l'écologie et l'éthologie des cellules du sang normal et pathologique, en particulier des cellules leucémiques et cancéreuses (1945-1984)
· L'étude de la forme et de la « déformabilité » des globules rouges à l'état normal et dans différentes maladies (1945-1984).
· Des essais sur l'histoire de la recherche scientifique et sur la créativité dans l'art et dans la science (1956-1986).


Sociétés savantes
Membre titulaire de la Société de biologie
Membre du conseil de la Société française d'hématologie
Membre et ancien président de la Société de microscopie
Membre du conseil de la Société de microscopie électronique

Co-fondateur et co-rédacteur en chef (avec le professeur Jean Bernard) de la Nouvelle revue française d'hématologie
Membre des comités de rédaction des revues Blood (New york) and Blut (Munich

Distinctions – Prix
1948 : Prix Roy-Vaucouloux de l'Académie des Sciences
1949 : Prix de la Fondation Jansen de l'Académie de Médecine.
1952 : Prix de la Ville de Paris de l'Académie de Médecine.
1959 : Prix Monthyon de médecine et de chirurgie de l'Académie des Sciences.
1960 : Grand Prix de la Société internationale d'hématologie, Fondation Henry Stratton. (Tokyo).
1964 : Grand prix de l'American College of Physicians (Atlantic City).1977 : Prix scientifique de la Fondation de France.
1978 : Grand prix des sciences chimiques et naturelles.
1978 : Grand prix du CEA.
1979 : membre de l'Académie des Sciences