Albert Calmette (1863-1933) |
Source archives de l'Institut Pasteur. Voir aussi : Comment Roux et Calmette ont prolongé l'œuvre de Pasteur tandis que l'Amérique découvre microbes artificiels et vaccins synthétiques (J. Labadié, LSLV n°200, fév. 1934)
Notice I. Pasteur
Médecin et biologiste français né à Nice (Alpes-Maritimes, France) le 12/07/1863. Son père mène une carrière préfectorale. Sa mère, née Adèle-Reine Charpentier, meurt deux ans après sa naissance. Il est élevé ainsi que ses deux frères, Gaston et Emile, par la seconde épouse de son père, Marie Quiney.
1873-1881 Etudes primaires et secondaires : au lycée de Clermont-Ferrand, au lycée de Brest où il est victime d'une grave typhoïde, à l'Ecole Saint-Charles de Saint-Brieuc, enfin au lycée Saint-Louis à Paris.
1881-1883 Elève de l'Ecole de médecine navale de Brest, où il suit l'enseignement de A. Corre.
1883-1887 Entre dans le Service de santé de la marine. Participe à la campagne de Chine dans l'escadre de l'Amiral Courbet (1883-1885), puis à la campagne du Gabon-Congo (1886-1887). Pendant son séjour en Afrique, trace un plan d'action sanitaire, fondé sur la collaboration des médecins et des laboratoires scientifiques.
1886 Docteur en médecine.
1888-1890 Séjour de deux ans à Saint-Pierre-et-Miquelon, où il conduit des recherches expérimentales sur le rouge de morue.
1890 Obtient l'autorisation de se rendre à Paris pour y suivre, à l'Institut Pasteur, un stage d'études dans le laboratoire du Dr. E. Roux.
1891-1894 A la demande du sous-secrétaire d'Etat aux Colonies, L. Pasteur le désigne pour fonder et diriger un centre vaccinogène et un laboratoire de recherches à Saigon, filiale de l'Institut Pasteur. Il y organise la production du vaccin jennérien et du vaccin pasteurien contre la rage. Mène des recherches sur le choléra, la dysenterie, les venins de serpents, la fermentation de l'opium et la fermentation alcoolique du riz.
1894-1895 Est placé hors cadre du Corps de santé des colonies, et mis à la disposition de l'Institut Pasteur. Il y reprend les études entreprises en Indochine sur la physiologie des venins, la vaccination et la sérothérapie antivenimeuse, et réussit à préparer le premier sérum antivenimeux polyvalent. Participe à la préparation de sérums antipesteux avec A. Borrel et A. Yersin.
1895-1918 A la suite de la visite d'une délégation du Conseil d'hygiène et de la municipalité de Lille, L. Pasteur et E. Roux confient à Calmette la mission d'organiser à Lille un institut de sérothérapie et de recherches microbiologiques. Il étudie les conditions matérielles et financières de ce projet, et l'Institut Pasteur de Lille, dont il devient directeur, est inauguré en 1899. Il y entreprend des travaux sur l'ankylostomiase, l'épuration biologique des eaux usées (création à La Madeleine, près de Lille, de la première station française d'épuration), ainsi que divers travaux de bactériologie. Avec C. Guérin, mène des recherches sur le bacille tuberculeux (mécanisme de l'infection bacillaire, immunité antituberculeuse) et parvient à créer artificiellement une race de bacilles privés de virulence, dont il vaccine avec succès de jeunes bovins et des singes de diverses espèces.
1896 Chargé du cours de bactériologie et thérapeutique expérimentale à la faculté de médecine de Lille. Nommé professeur honoraire en 1914.
1899 Dirige une mission chargée de combattre l'épidémie de peste bubonique éclatée à Porto. A. Salimbeni l'accompagne.
1899 Entre au comité de rédaction des Annales de l'Institut Pasteur où il retrouve E. Duclaux, Ch. Chamberland, J.-J. Grancher, E. Metchnikoff, Ed. Nocard, E. Roux, I. Straus, L. Vaillard.
1901-1903 Ouvre, à Lille, le premier dispensaire antituberculeux (Dispensaire Emile Roux). Contribue à fonder la Ligue du Nord contre la tuberculose, ainsi qu'une filiale de l'Oeuvre Grancher.
1901-1926 Délégué du Gouvernement français aux conférences sanitaires internationales et aux congrès internationaux pour l'étude de la tuberculose.
1910 Chargé de mission par le ministère de l'Intérieur et le Conseil supérieur d'hygiène publique de France pour l'étude d'une épidémie de choléra à Marseille.
1910-1914 Chargé par l'Institut Pasteur (Paris) d'organiser et de diriger à ses débuts, avec Ed. Sergent, l'Institut Pasteur d'Algérie.
1911 Devient membre du comité médical des Sanatoriums populaires de Paris, dirigés par L. Guinard.
16/03/1914 Assassinat de Gaston Calmette, frère d'Albert Calmette, par Mme Caillaux.
1914-1918 Est nommé adjoint du directeur du Service de santé de la 1ère région à Lille, chargé de l'organisation des hôpitaux militaires auxiliaires. Pendant les quatre années d'occupation de la ville par l'armée allemande, continue avec ses collaborateurs de l'Institut Pasteur de Lille, la fabrication des sérums et vaccins nécessaires à la population. Sa femme est détenue plusieurs mois en otage, avec plusieurs autres femmes lilloise, en 1918.
1917 Nommé, avec L. Martin, sous-directeur de l'Institut Pasteur (Paris) et chargé de la direction du cours de bactériologie (ne prend ses fonctions qu'en 1919).
1919-1933 Reconstitue à l'Institut Pasteur (Paris) une équipe de travail sur le bacille tuberculeux et le BCG (bacille Calmette-Guérin). Après qu'en 1921, B. Weill-Hallé ait vacciné avec succès des enfants nés de parents tuberculeux, à l'Hôpital de la Charité, la vaccination par BCG acquiert droit de cité.
1919 Elu à l'Académie de médecine. Reçoit la direction des Annales de l'Institut Pasteur et la responsabilité des Instituts Pasteur d'Outre-mer.
1920 Parution de son traité : L'infection bacillaire et la Tuberculose. Participe à la fondation de l'Institut Pasteur Hellénique à Athènes. Nommé vice-président du Comité national de défense contre la tuberculose (CNDT).
1920-1924 Elu président de la Société de pathologie exotique (SPE).
1927 Entre à l'Académie des sciences.
1929 Participe à l'élaboration des plans d'un vaste bâtiment destiné à accueillir tous les laboratoires de recherches sur la tuberculose de l'Institut Pasteur. Il en prend possession en 1931.
1930-1932 Décès de 71 enfants de la ville de Lübeck, à la suite de l'inoculation d'un vaccin préparé en Allemagne avec une souche de BCG délivrée par l'Institut Pasteur. Le procès qui a lieu en Allemagne innocente le vaccin BCG, mais A. Calmette sort profondément marqué par ce drame.
29/10/1933 Décès à Paris.
Publications en collaboration avec : A. Boquet, A. Borrel, E. Boullanger, M. Breton, Constant, L. Costil, E. Couvreur, A. Deléarde, François, Hautefeuille, V. Grysez, C. Guérin, L. Massol, L. Nègre, A. Mézie, G. Petit, E. Rolants, A. Saenz, R.Turpin, Vansteenberghe, D. Verhaege, B. Weill-Hallé, Th. Woehrel, A. Yersin.
Notice Wiki (2022)
Albert Calmette est un médecin et bactériologiste militaire français, né le 12 juillet 1863 à Nice et mort le 29 octobre 1933 à Paris. Sa renommée tient à la mise au point entre 1904 et 1928, avec Camille Guérin, de la vaccination contre la tuberculose grâce au BCG.
Biographie
Fils de Guillaume, 40 ans, avocat, chef de division à la Préfecture, et d'Adèle Charpentier, 35 ans, Albert Calmette est né à Nice le 12 juillet 18632. Il fait ses études dans différents lycées à Clermont-Ferrand, au lycée Saint-Charles à Saint-Brieuc et à Brest, ainsi qu'au lycée Saint-Louis à Paris. De 1881 à 1883, il est élève de l'École de médecine navale de Brest2, où il suit l'enseignement d'Armand Corre. En 1883, il commence à exercer à Hong Kong, dans le corps des médecins de marine, où il étudie la malaria, sujet de sa thèse de doctorat qu’il soutient en 1886. Il est ensuite envoyé à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis il exerce en Afrique occidentale, au Gabon et au Congo, où il continue d'étudier non seulement la malaria mais aussi la maladie du sommeil et la pellagre. En 1890, il suit un stage de bactériologie dans le laboratoire du docteur Émile Roux à Paris. Associé aux recherches de Louis Pasteur, il est chargé par ce dernier de fonder l'Institut Pasteur de Saïgon2 où il organise la production de vaccins contre la rage. Il se consacre à la toxicologie, qui vient de naître, en liaison étroite avec l’immunologie, et il étudie le venin des serpents et des abeilles, les poisons issus des plantes et le curare. Il organise également la production de vaccins contre la variole et la rage, et mène des recherches sur le choléra et sur la fermentation de l'opium et du riz. Il côtoïe à Saïgon Alexandre Yersin3. En 1894, il revient en France et met au point les premiers antivenins contre les morsures de serpent en utilisant des sérums de chevaux vaccinés et immunisés (sérum de Calmette). Ces travaux sont repris plus tard à l'Institut Butantan de São Paulo par le médecin brésilien Vital Brazil qui met au point plusieurs autres antivenins contre les serpents, les scorpions et les araignées. Calmette participe également à la mise au point du premier sérum immunisateur contre la peste bubonique (la peste noire), en collaboration avec Alexandre Yersin (1863-1943)3, qui avait découvert son agent pathogène, Yersinia pestis, et il se rend au Portugal pour étudier une épidémie à Porto et aider à la combattre. À partir de 1895, il poursuit d'autres recherches à l'Institut Pasteur de Lille, dont Roux lui avait confié la direction qu'il assumera pendant 25 ans. En janvier 1901, il y fonde le dispensaire alors appelé Émile-Roux (il s'appelle aujourd'hui dispensaire Calmette) qui était le second à avoir été créé en France spécifiquement pour lutter contre la tuberculose4. Ce dispensaire servira de modèle à ceux préconisés par la loi Léon Bourgeois en 1916. En 1904, il fonde la Ligue du Nord contre la Tuberculose, qui existe toujours2. En 1905 il fait partie, avec Édouard Imbeaux, des membres fondateurs de l'Association générale des ingénieurs, architectes et hygiénistes municipaux devenue quelques années plus tard l'Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux (AGHTM) puis l'Association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement (ASTEE)5. À la même époque, il estime que les vaccins ont rendu « l'œuvre de colonisation éminemment humanitaire et civilisatrice ». En 1908, il fait partie des membres fondateurs de la Société de pathologie exotique et en 1909, il participe à la fondation de l'antenne d'Alger. Au cours de la Première Guerre mondiale, il est nommé adjoint du directeur du service de santé de la 1re région militaire à Lille, mais ne peut rejoindre la ville occupée par les troupes allemandes. Il organise les hôpitaux militaires auxiliaires. En 1917, il est nommé sous-directeur adjoint de l'Institut Pasteur de Paris, institut qu'il ne peut rejoindre avant la fin de la guerre du fait de l'occupation de Lille par les troupes allemandes2. Il est élu à l'Académie de médecine en 1919, à l'Académie des sciences d'outre-mer en 1922 et à l'Académie des sciences en 19271. Il est inhumé à Jouy-en-Josas, dans la propriété Bourget-Calmette6.
Recherches sur la tuberculose
Le principal travail scientifique de Calmette, celui qui devait lui apporter une gloire mondiale et attacher son nom à l'histoire de la médecine, fut la mise au point d'un vaccin contre la tuberculose qui, à cette époque, faisait des ravages. En 1882, le microbiologiste allemand Robert Koch avait découvert que l'agent pathogène de cette maladie était le Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch), découverte qui avait intéressé Pasteur. En 1906, Camille Guérin, vétérinaire et immunologiste, avait établi que l'immunité contre la tuberculose était liée à des bacilles tuberculeux vivant dans le sang. En utilisant la méthode pastorienne, Calmette voulut savoir si cette immunité se développerait comme réponse à l'injection, chez les animaux, de bacilles bovins atténués. Cette préparation reçut le nom de ses deux découvreurs (Bacillum Calmette-Guérin, ou en abrégé BCG : vaccin bilié de Calmette et Guérin). L'atténuation était obtenue en cultivant les bacilles dans un substrat contenant de la bile, d'après une idée émise par un chercheur norvégien, Kristian Feyer Andvord (1855-1934). De 1908 à 1921, Guérin et Calmette s'efforcent de produire des souches de bacilles de moins en moins virulentes, grâce à des transferts dans des cultures successives. Enfin, en 1921, ils utilisèrent le BCG avec succès sur des nouveau-nés à l'hôpital de la Charité de Paris. Le programme de vaccination sembla cependant connaître un sérieux revers quand, en 1930, 72 enfants vaccinés contractèrent la tuberculose, à Lübeck. Mais l'enquête prouva que l'Institut Pasteur avait fourni des souches saines et que c'étaient les médecins de Lübeck qui avaient été coupables de négligences scandaleuses ; ils furent d'ailleurs condamnés à de la prison ferme tandis que l'Institut Pasteur était mis hors de cause. La vaccination massive des enfants fut réintroduite dans beaucoup de pays après 1932 avec des techniques de production plus sûres. Calmette n'en avait pas moins été profondément affecté. Il mourut un an plus tard à Paris. Albert Calmette était le frère d'Émile Calmette (1851-1934), médecin inspecteur général des Armées, et de Gaston Calmette (1858-1914), directeur du Figaro de 1903 à 1914, assassiné en 1914 par Henriette Caillaux, l'épouse du ministre des Finances Joseph Caillaux.