Ketty Schwartz, chercheuse
Scientifique de haut niveau, elle s'était engagée dans le combat contre les myopathies.
Paul Benkimoun, LM, 1 janvier 2008
Chercheuse scientifique de haut niveau, pharmacienne, docteur ès sciences naturelles, directrice de recherche émérite au CNRS, ancienne vice-présidente du conseil d'administration de l'Inserm, présidente du conseil scientifique de l'Association française contre les myopathies (AFM), Ketty Schwartz est morte, mardi 25 décembre 2007, à l'âge de 70 ans. C'est en 1964 que Ketty Schwartz devint chargée de recherche pour le CNRS, à l'hôpital Broussais, temple de la cardiologie parisienne. "J'ai participé aux recherches sur les signes moléculaires du rejet de greffe sur les premières transplantations cardiaques humaines. Cela a fait l'objet de mon premier (article dans) Nature, c'était très novateur !", confiait-elle en 2006 à Inserm Actualités. Cette publication dans une prestigieuse revue scientifique allait être la première d'une longue série d'innovations combinant la biologie moléculaire et le domaine cardio-vasculaire. Au sein de l'unité Inserm, dirigée par Bernard Swynghedauw puis par elle-même, Ketty Schwartz et son équipe identifient au début des années 1980 les premiers marqueurs moléculaires de l'insuffisance cardiaque. Vint ensuite l'aventure de l'Institut de myologie à La Pitié-Salpêtrière, à Paris. Elle commence avec la rencontre de Michel Fardeau, qui travaille à La Salpêtrière, principalement avec la microscopie électronique, sur les pathologies du muscle. Désireux de rapprocher deux champs de compétence, celui de la cardiologie pour Ketty Schwartz et celui du muscle squelettique (ceux que nous contractons pour un mouvement) sur lequel il travaille, Michel Fardeau propose à sa consœur de venir le rejoindre. Elle accepte aussitôt. "Avec Ketty, il n'y a jamais eu la moindre ombre au tableau. L'entente a été totale", se souvient Michel Fardeau. Elle sera également durable. Vont alors cohabiter des chercheurs du CNRS ou de l'Inserm, en collaboration avec des cliniciens. Ce projet va aboutir en 1996 à la création de l'Institut de myologie au sein de La Pitié-Salpêtrière, grâce au soutien de l'AFM. Cette structure est devenue "un des centres d'expertise sur le muscle le plus complet d'Europe et de référence sur les maladies rares", insiste le communiqué de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, rendant hommage à la chercheuse. Ketty Schwartz était membre du conseil scientifique de l'AFM depuis sa création en 1981. Elle avait pris la présidence de ce conseil le 7 mai 1998. "L'AFM, c'est l'engagement de ma vie", déclarait-elle. Pour autant, elle ne délaissait pas la cardiologie. Avec le chirurgien Philippe Ménasché, elle cherche le moyen de régénérer le muscle cardiaque. Leurs travaux déboucheront sur des essais de thérapie cellulaire dont les premières étapes expérimentales ont été couronnées de succès. De 2000 à 2002, elle est membre du Comité consultatif national d'éthique. En mai 2001, elle accepte le poste de directeur de la recherche au ministère de la recherche. Une tâche peu aisée qu'elle remplit jusqu'en novembre 2002. Mais, dans ces fonctions comme au sein de l'AFM, cette femme extrêmement disciplinée reste fidèle à une ligne de conduite : "Dire toujours vrai et simple", comme la résume Michel Fardeau. C'est "une chercheuse de grande qualité, reconnue tant nationalement qu'internationalement", qu'a saluée la ministre de la recherche, Valérie Pécresse. Ketty Schwartz avait reçu la médaille d'argent du CNRS en 1992 et le prix d'honneur de l'Inserm en 2006.