Pierre Royer
Pierre Royer est né en 1917 à Paris. Il a mené ses études secondaires dans cette ville et ses études supérieures à la faculté de médecine de Paris.
Externe des hôpitaux de Paris (1937), interne des hôpitaux de Paris (1939).
Docteur en médecine (1945).
Médecin assistant des hôpitaux de Paris (1946).
Chef de clinique (1948).
Agrégé de pathologie médicale de la faculté de médecine de Paris (1955).
Médecin des hôpitaux de Paris (1962).
Directeur de l'unité de recherche 30 de l'Inserm « Maladies du métabolisme chez l'enfant » (1962-1984).
Professeur titulaire à titre personnel (1964).
Professeur titulaire de la chaire de génétique médicale - chef de service à l'hôpital des Enfants malades (1967).
Professeur titulaire de la chaire de médecine des enfants - chef du département de péditrie médicale à l'hôpital des Enfants malades (1978).
Instances scientifiques et d'administration de la recherche
Conseiller scientifique du département de biologie du CEA (1959)
Membre du comité consultatif de la recherche scientifique et technique (1965-1970).
Président du conseil scientifique de l'Inserm (1969 -1974).
Président du conseil d'administration de l'Institut Pasteur (1973)
Président du comité de l'action concertée de la Direction générale de la recherche scientifique et technique (DGRST) sur « La biologie de la reproduction et du développement » (1970-1977).
Président de la commission nationale d'appel pour la qualification en pédiatrie (1970-1987), de la section de pédiatrie et génétique du comité consultatif des universités (1970-1985).
Président de l'Association internationale de pédiatrie (1974-1983).
Président du comité interministériel pour les questions hospitalo-universitaires (1976-1979).
Secrétaire (1977-1982), puis président du conseil d'administration du Centre international de l'enfance (1982-1993).
Conseiller pour les affaires biologiques et médicales à la DGRST (1978-1981).
Président de l'Institut français pour la nutrition dont il fut un des fondateurs (1978-1990).
Sociétés savantes - Académies
Membre des sociétés françaises de pédiatrie, de néphrologie et d'endocrinologie.
Membre des sociétés argentine, britannique, brésilienne, chilienne, espagnole, hongroise, italienne, mexicaine, suisse, turque, uruguayenne et finlandaise de pédiatrie, de la Royal Society of Medicine et de l'American Pediatric Society.
Membre fondateur de l'European Society of Pediatric Research, de l'European Club of Pediatric Endocrinology et de l'European Society of Pediatric Nephrology.
Membre correspondant de l'Académie des sciences.
Fondateur et membre de l'Editorial Board du journal Pediatric Research.
Distinctions et Prix
Commandeur dans l'Ordre national de la légion d'honneur.
Commandeur dans l'Ordre national du mérite.
Croix de guerre (1939-1945).
Travaux scientifiques
Pierre Royer s'est spécialisé en pédiatrie sous la direction de Robert Debré dont il a été le collaborateur direct durant vingt ans. Après la seconde guerre mondiale, il a développé une pédiatrie reposant sur des bases scientifiques rigoureuses dont la pratique est associée à une recherche biologique solide.
Son ‰ìuvre scientifique a porté sur le métabolisme de l'eau et des minéraux et ses régulations au niveau du squelette, des glandes endocrines et surtout du rein. Avec ses collaborateurs, il a caractérisé plusieurs maladies, notamment l'hypo-aldostéronisme héréditaire, l'hypercalciurie idiopathique avec nanisme et l'oligoméganéphronie.
Pierre Royer s'est toujours intéressé aux problèmes de médecine préventive, notamment dans les pays en voie de développement, et a développé dans son unité de recherche et son service hospitalier les aspects psychologiques et sociologiques de la maladie chez l'enfant.
Grande personnalité scientifique et hospitalière Pierre Royer a créé une véritable école, la première école, de
néphrologie pédiatrique, où se sont formés les pédiatres français et européens qui ensuite ont chacun développé leurs propres groupes. Et, au delà, par sa passion pour l'exercice d'une médecine raisonnée et scientifique, il a suscité de nombreuses vocations de chercheurs dans des domaines aussi différents que la néphrologie, l'endocrinologie, le métabolisme osseux et phosphocalcique et la psycho-sociologie. Il en est pour exemple le soutien qu'il a apporté à Ginette Raimbault, lorsque celle-ci a rejoint son unité de recherche, en 1964. Grace à Pierre Royer, celle-ci va bénéficier sur le terrain de l'expérience des pédiatres néphrologues, endocrinologues et gastro-entérologues de l'hôpital Necker - Enfants malades pour mener ses recherches sur les problèmes psychologiques qui apparaissent chez l'enfant atteint de graves pathologies nécessitant des traitements lourds.
Xème anniversaire de l'Inserm : Dix ans de recherche en biologie du développement à l'Inserm (1974)
L'unité de recherche Inserm 30 « Maladies du métabolisme chez l'enfant » en 1974
Xème anniversaire de l'Inserm, colloque (1974), allocution du président du conseil scientifique
Les travaux de Pierre Royer et de ses collaborateurs ont donné lieu à la publication de 400 articles dans la littérature scientifique et médicale française et internationale.
L'unité de recherche Inserm 30 « Maladies du métabolisme chez l'enfant »
en 1974
Le groupe de néphrologie de l'unité de recherche est composé de cinq chercheurs Inserm, d'un chercheur CNRS, de trois hospitalo-universitaires, consacrant la moitié de leur temps à la recherche, et de six techniciens Inserm. Les recherches ont été orientées au cours de ces dix dernières années autour de trois thèmes principaux.
Etude morphologique (microscopie optique et électronique) et immunopathologique (immunofluorescence et dosage de plusieurs fractions du complément) des maladies du rein chez l'enfant,
Cette étude basée essentiellement sur l'examen des biopsies rénales effectuées à diverses périodes des maladies a permis un démembrement des néphropathies glomérulaires, qui a abouti à une classification actuellement admise dans le monde entier. L'étude de l'histoire naturelle de chacun des types anatomocliniques, ainsi que la mise en oeuvre de protocoles thérapeutiques ont été systématiquement entrepris. Une étude des causes d'insuffisances rénales chroniques a, d'autre part, été effectuée et a permis de démontrer que 65 % de celles-ci étaient dues à des néphropathies congénitales (anomalies du développement ou néphropathies héréditaires). C'est dans le cadre de ces dernières qu'une étude génétique est menée parallèlement à l'étude anatomoclinique.
Etudes sur l'enfant atteint d'insuffisance rénale chronique, dans le cadre de programme de dialyse/transplantation rénale. Ces études peuvent se regrouper sous trois rubriques.
- Analyse du trouble de croissance de l'enfant urémique. La collection de multiples paramètres a permis de souligner l'importance des facteurs nutritionnels, de la qualité de l'épuration et du traitement préventif de l'ostéodystrophie. D'autres facteurs demeurent d'ailleurs à décrire.
- Recherches sur le milieu intracellulaire de l'enfant urémique par microdétermination sur biopsie musculaire à l'aiguille. Ces recherches ont démontré l'absence de lien systématique entre les perturbations du milieu intra et du milieu extracellulaire, le diagnostic de certaines perturbations n'étant possible que par l'abord du milieu cellulaire.
- Etudes sur un modèle expérimental fourni par le rat en croissance soumis à une néphrectomie des 7/8. Ce modèle a permis d'étudier les relations entre le trouble de croissance et la nutrition et de démontrer la seule responsabilité du défaut de consommation calorique et protéique, de même que l'amélioration considérable des possibilités de croissance sous supplémentation d'acides aminés essentiels.
Des travaux de physiologie et d'électrophysiologie sont par ailleurs poursuivis dans un des laboratoires utilisant la technique de microponction de tubules sur le rein du Necturus (urodèle). Ils portent essentiellement sur les transports ioniques transmembranaires.
Sélection des principales publications
- Royer P, Schapira G, Royer S, Giscard R. Plasma and spinal fluid sodium and potassium in dehydrated infants; practical importance of determination. Arch Fr Pediatr 7: 491-503, 1950.
- Royer P. Considerations on the hydro-mineral structure of the human organism. Arch Sci Physiol (Paris) 7: C 5-24, 1953.
- Royer P. Renal function and water and electrolyte regulation in full-term and premature newborn infants. Arch Sci Physiol (Paris) 8: C225-43, 1954.
- Debre R, Royer P, Alloiteau JJ, Spahr A. Hypophysial dwarfism with oliguria and oligodipsia. Arch Fr Pediatr 11: 616-20, 1954.
- Debre R, Royer P, Lestradet H. Congenital renal tubular insufficiency in children. Sem Hop 32:235-54, 1956.
- Royer P. Classification of the vitamin-resistant types of rickets in children. Rev Fr Etud Clin Biol 3: 13-7, 1958.
- Royer P. Disorders of tubular phosphate mechanism. Monatsschr Kinderheilkd 106:167-8, 1958.
- Debre R, Royer P. Treatment of nephrotic syndrome in infant and child. Dtsch Med Wochenschr 83: 1529-32, 1958.
- Royer P. Treatment of the nephrotic syndrome in children. Rev Med Suisse Romande 79: 738-48, 1959.
- Royer P. Thrombotic microangiopathy of the kidney in the child. Bibl Paediatr 74:428-44, 1960.
- Royer P, Habib R, Mathieu H. Thrombotic microangiopathy of the kidney in the child. Ann Pediatr (Paris) 36: 104-19, 1960.
- Royer P. Vitamin-resistant rickets in children. Can Med Assoc J 83:695-9, 1960.
- Royer P. Biological explorations of calcium metabolism in infants. Helv Paediatr Acta 16: 320-46, 1961.
- Royer P, Habib R, Mathieu H, Courtecuisse V. Chronic idiopathic tubulo-interstitial nephropathies in children. Ann Pediatr (Paris) 10: 620-33, 1963.
- Royer P. Enzymology in kidney diseases in children. Ann Biol Clin (Paris) 22: 725-34, 1964.
- Royer P, Frézal J. Hereditary nephropathies. J Urol Nephrol (Paris) 71: 693-713, 1965.
- Habib R, Mathieu H, Royer P. Hemolytic-uremic syndrome of infancy: 27 clinical and anatomic observations. Nephron 4: 139-72, 1967.
- Royer P. Modern technics in metabolic research in pediatrics. Minerva Pediatr 19: 1651-2, 1967.
- Raimbault G, Royer P. The presentation by the mother of the disease of her child. (Study of 10 cases of chronic nephropathies). Arch Fr Pediatr 25: 605-20, 1968.
- Rappaport R, Dray F, Legrand JC, Royer P. Familial congenital hypoaldosteronism caused by 18-OH-dehydrogenase deficiency. Pediatr Res 2: 456-63, 1968.
- Raimbault G, Royer P. How do mother and child react to a child's illness? Clin Pediatr (Phila) 8: 255-6, 1969.
- Raimbault G, Royer P. Psychological problems in chronic nephropathies in children. Rev Neuropsychiatr Infant 17: 835-45, 1969.
- Raimbault G, Zygouris R, Royer P. Lithiasis and-or calculi. Arch Fr Pediatr 27: 1005-18, 1970.
- Godard C, Vallotton MB, Broyer M, Royer P. A study of the inhibition of the renin-angiotensin system in renal potassium wasting syndromes, including Bartter's syndrome. Helv Paediatr Acta 27:495-511, 1972.
- Postel-Vinay MC, Alberti GM, Ricour C, Limal JM, Rappaport R, Royer P. Pseudohypoaldosteronism : persistence of hyperaldosteronism and evidence for renal tubular and intestinal responsiveness to endogenous aldosterone. J Clin Endocrinol Metab 39:1038-44, 1974.
- Royer P. Current aspects and prospects of preventive pediatrics in France. Schweiz Med Wochenschr 108:800-4, 1978.
- Royer P. Breast feeding and biological development. Acta Paediatr Scand 67:554-6, 1978.
- Pomarède R, Czernichow P, Rappaport R, Royer P. ADH-deficient diabetes insipidus in children. A study of 93 cases. Arch Fr Pediatr 37:37-44, 1980.
- Royer P. Growth and development as biological information. Arch Fr Pediatr 43:297-300, 1986.
Ouvrages
- Barbizet J, Royer P. La réanimation. Doin, Paris, 1945.
- Royer P. La vitamine B2 et ses carences (thèse de doctorat). Jouve, Paris, 1945.
- Royer P, Prader A. Les insuffisances congénitales du tubule rénal. Expansion Scientifique Française, Paris, 1957.
- Royer P, Lestradet H. Le traitement du diabète infantile en régime libre. Flammarion Médecine Sciences, Paris, 1959 (2e ed 1968).
- Lamy M, Royer P, Frezal J. Les maladies héréditaires du métabolisme. Masson, Paris, 1959 (2e ed 1968).
- Royer P, Masse N, Pringuet C. Les diarrhées du nourrisson. CIE, Paris, 1960.
- Royer P, Habib R, Mathieu H. Problèmes actuels de néphrologie infantile. Flammarion Médecine Sciences, Paris, 1963 (traduit en allemand et en espagnol).
- Fourman P, Royer P. Calcium metabolism and the bone. Blackwell, London, 1968 (traduction française, Paris: Flammarion; 1970).
- Royer P, Habib R, Mathieu H, Broyer M. Néphrologie pédiatrique. Flammarion Médecine Sciences, Paris, 1973 (2e ed en 1976, 3e ed en 1983, traduit en anglais, espagnol, italien, japonais).
- Royer P. 18 leçons sur la biologie du développement humain. Fayard, Paris, 1975.
- Gros F, Jacob F, Royer P. Sciences de la vie et société. Documentation française, Paris, 1979.
- Royer P,, Guignard J. Éthique et pédiatrie. Flammarion Médecine Sciences, Paris, 1982.
Xème anniversaire de l'Inserm
Allocution du Professeur Pierre Royer, Président du conseil scientifique de l'Inserm
Inserm, le 13 janvier 1974
Ces dix années de l'Inserm, je les ai vécues d'abord comme membre d'une commission scientifique, ensuite comme président du conseil scientifique. Durant le même temps, j'ai dirigé à l'hôpital des Enfants malades, à Paris, une équipe qui est passée de 5 à 23 chercheurs à temps plein et de 5 à 30 techniciens et administratifs et ce malgré l'essaimage dans une nouvelle unité de recherche d'une partie de mon laboratoire. Logés au départ dans une cave et une cuisine, puis dans une ancienne salle de malades, nous disposons depuis quatre ans d'une unité de recherche bien équipée, vaste mais déjà fort encombrée. Tel est, comme pour tant d'autres, notre voyage de l'investigation clandestine à la recherche avouable et exportable. Ces souvenirs personnels traduisent bien l'étonnante mutation vécue en dix ans. Je voudrais en rappeler les faits les plus marquants, dégager les lignes d'un développement futur, m'expliquer enfin sur la notion de "rentabilité" de la recherche médicale.
L'installation de l'Inserm dans des locaux plus adaptés à ses actuels besoins est le plus récent des avatars qui portent témoignage de la quête persévérante d'une plus grande efficacité, Les surfaces de laboratoire se sont accrues de façon considérable. Leur équipement s'est renouvelé, complété, alourdi. La formation des chercheurs a changé de nature et de durée. Le niveau de leur recrutement et de leur promotion s'est haussé si vite que cela n'est pas sans susciter des heurts et des problèmes. La qualité et l'adaptation des techniciens et techniciennes s'améliore sans cesse. L'administration centrale et locale, malgré des charges bien lourdes, a su garder souplesse, dévouement et efficacité. La répartition des fonds budgétaires en crédits fixes répartis avec moins d'arbitraire aux groupes et unités, en crédits sur contrats de " recherche libre" distribués par les commissions scientifiques et en crédits sur contrat de " recherche thématisée", contrôlés par des comités ad hoc, permet une compétition stimulante entre les équipes et l'exécution d'une " politique" de choix préférentiels, Sans équivoque, le conseil scientifique a voulu que la fonction de directeur d'unité et de groupe de recherche soit précaire, limitée à cinq ans, mais renouvelable. Il a, sans plaisir, mais sans complaisance, remplacé des directeurs qui avaient peine à remplir leur rôle.
Il a, de plus en plus souvent, désigné des chercheurs de haut rang pour exercer, au même titre que des universitaires, ces fonctions de directeurs d'unités. Un effort, difficile dans l'immédiat, commence à être entrepris pour développer la recherche médicale dans les régions les moins privilégiées. Enfin, la multiplication des échanges, des colloques et séminaires, des publications, a transformé le niveau et le volume des informations issues de nos laboratoires, diffusées en France et hors de France. Par une politique adroite de subventions pour des séjours courts ou prolongés, de plus en plus de chercheurs étrangers de haut niveau sont attirés. Nous pouvons maintenant les accueillir sans humilité et sans honte, pour notre bénéfice réciproque. Tous ces aspects de la maturation de l'Inserm sont dus à tous ceux, administratifs, techniciens, chercheurs, universitaires, qui ont cru à la recherche médicale française. Ils sont surtout à l'honneur des trois directeurs généraux qui se sont succédés : Louis Bugnard, le pionnier, Eugène Aujaleu, le constructeur, Constant Burg, l'inspirateur d'une démarche scientifique ambitieuse rivalisant avec les meilleures. Tous trois méritent notre admiration et notre reconnaissance. Ils méritent également que l'effort de croissance de l'Inserm auquel ils ont tant oeuvré soit continué, étendu, accéléré.
Que sera l'avenir ? Il est clair que les objectifs les plus importants de la recherche médicale sont pour le proche avenir ce qui menace de nos jours le plus d'hommes dans leur existence et dans leur équilibre : les affections cardiovasculaires, les malformations congénitales, le cancer, l'immunopathologie, les accidents, les suicides et la psychopathologie. Plutôt que d'énumérer ces thèmes évidents, je désire présenter mon testament de président du conseil scientifique et vous faire part de trois regrets. Je regrette qu'un effort financier plus grand ne soit pas fait pour revaloriser les traitements des techniciens, dès qu'ils acquièrent, par les mécanismes de perfectionnement mis en place, des titres et diplômes nouveaux. Je regrette également que, à côté des chercheurs à temps plein à carrière traditionnelle, n'aient pas été mis en place d'une part des " bourses de formation à la recherche" si nécessaires, d'autre part des "contrats de chercheurs" de deux à six ans pour ceux qui veulent, dans la séquence d'une carrière universitaire, se livrer pendant un temps limité à la recherche à temps plein. Le démarrage de la recherche en stomatologie, en ORL, en ophtalmologie, en obstétrique en recevrait une stimulation certaine. Le maintien de l'investigation clinique pourrait être assuré. Enfin, au risque de heurter certains, je regrette que, à côté de la recherche biomédicale, l'Inserm ne soit pas plus incitatif pour mettre en place une recherche psycho-socio-médicale. L'aide des économistes, des psychologues, des sociologues, dont un nombre de plus en plus élevé est sensible à la méthode expérimentale, est nécessaire à l'organisation si urgente, d'une recherche en médecine préventive et en épidémiologie, et à l'abord de problèmes aussi fondamentaux à l'échelon national que la pathologie des migrants, la consommation de médicaments et l'organisation de la prévention des grands dangers.
Pour conclure, je voudrais m'expliquer sur le concept de « rentabilité » de la recherche médicale. Il est sain que les responsables des dépenses publiques s'inquiètent des retombées financières de l'effort consenti par la collectivité nationale pour la recherche. Mais, dans ce domaine comme dans celui de l'art, il me parait ambigu de parler de « rentabilité » : rentabilité immédiate ou lointaine, financière ou humaine, pratique ou spéculative ?
Pendant leur vie, voit-on en quels termes on eut pu s'interroger sur la « rentabilité » de Pasteur, des Curie, de Cézanne ? La rentabilité de la recherche se mesure en création et en innovation. Celles-ci, qui se sont améliorées de façon si rapide à l'Inserm depuis dix ans, changent le monde, annulent des problèmes, en créent de nouveaux, que ce soit dans les équilibres des finances, pour le bonheur des hommes ou pour la croissance du Savoir.
En vérité, création et innovation assurent, dans notre secteur médical et à un niveau dont aujourd'hui nous pouvons être fiers, une qualité nouvelle au message que notre pays se doit d'adresser aux autres nations.