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Une jeunesse marseillaise
Je suis née à Paris en 1938. L’année suivante, avec mes parents, nous sommes partis pour Marseille où vivaient mes grands-parents. Mon père, ingénieur Sup’Aéro, y travaillera pour la SNCASE (Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est). Résistant, FFI, il est mort en 1944, déclaré porté disparu, son corps n’ayant jamais été retrouvé -, à l’issue d’un combat contre les Allemands dans le maquis du Plan d’Aups - Sainte-Baume, dans les montagnes d’Aubagne. Avec mon frère, né en 1939, nous sommes devenus pupilles de la nation, ce qui m’a aidé plus tard dans mes études. Ma mère ayant changé de vie, ce sont mes grands-parents de la branche corse par ma grand-mère « Giovoni » qui nous ont élevés à Marseille où j’ai fait mes études au pensionnat Jeanne-d’Arc jusqu’au premier bac section C, puis classique. En fait, je voulais faire de la philo et des lettres. J’adorais la lecture, il m’arrivait de lire jusqu’à 2-3 heures du matin. Les inscriptions en lettres se faisaient à la fac d’Aix-en-Provence. Mais ma grand-mère, un peu ‘vieille France’, ne voulait pas que je prenne trop de liberté et me laisser circuler quotidiennement entre Aix et Marseille. J'ai donc un peu tâtonné et finalement, je me suis inscrite à la faculté de pharmacie et en SPCN (certificat propédeutique). On avait de bons profs à la fac des sciences, pour mémoire, le professeur Jacques Metzger, qui m'a brillamment donné le gout de la chimie organique, une discipline qui m’a fasciné.
Le pourquoi de mes études en pharmacie
Ma curiosité intellectuelle pour la chimie organique s’explique : comprendre l’agencement des molécules dans l’espace pour en former d’autres plus complexes ; peut-être aussi cette idée d’assemblages, de cuisine en quelque sorte, a-t-elle quelque chose de féminin. En tout cas, la biochimie, c’est l’approche du vivant, même si on commence par le benzène. En ce sens, peut-être que les sciences de la vie sont plus particulièrement liées au ‘féminin’, la naissance, l’évolution, les mystères de la vie. Et pourquoi n'ai-je pas choisi la médecine ? J’avais le sentiment que cela consistait bien davantage à s’engager dans une pratique, soigner les malades, que dans de la spéculation intellectuelle, ce en quoi je me trompais ! Cependant, il faut savoir qu’à la fin des années 1950, en fac de pharmacie, je n’ai jamais entendu parler de recherche scientifique. Je pensais alors que ces études ne m’empêcheraient pas de cultiver d’autres passions, dans les champs littéraire, artistique…
À l’époque, j’étais passionnée de cinéma. C'est ainsi que j’ai rencontré Gérard Guégan, un futur écrivain/journaliste, communiste puis ultra-gauche, dans les salles de cinémas. C’est ainsi également que j’ai assuré le secrétariat de rédaction de 'Contre-Champ' (https://fr.wikipedia.org/wiki/Contre-Champ), qu’il a créé en 1961 ; un mensuel de critique cinématographique d’esprit très indépendant et publié par l’imprimerie du journal La Marseillaise, au sein de laquelle Gérard était rédacteur. C’était l’époque héroïque de la linotypie[1]. Je me souviens de nos séances de cinéma, au ciné-club de Marseille et, pittoresques, dans les cinémas de la banlieue marseillaise que nous écumions... Plus tard, j’ai de nouveau travaillé avec Guégan lorsqu’il a créé, à Paris en 1978, la revue littéraire ‘Subjectif’ dans laquelle une nouvelle de mon frère Edmond a été publiée. Autant de rencontres qui m’ont rapproché du monde de l’édition.
J’ai obtenu mon diplôme d’Etat de pharmacienne en 1964 et suis partie pour Paris l’année suivante. Je me suis installée chez une bande d’amies niçoises et parisiennes, des filles de gauche, dont Dany, devenue de la Gorce, entourées des révolutionnaires de l’époque, qui habitaient un hôtel particulier, rue Visconti (VI° arrondissement), dans la maison où vécut Jean Racine. J’y ai connu Bernard Kouchner, par exemple. J’y ai rencontré celui qui est devenu le père de mon fils, Hannibal, un brillant mathématicien norvégien.
Faisant fonction d’interne à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye de 1965 à 1969, je souhaitais passer l’internat, et ce contre l’avis de mon compagnon ; en y pensant, un machiste. J'ai donc dû préparer ce concours en catimini ; J'ai réussi l'écrit, mais j'ai loupé l'oral pour des raisons totalement idiotes, les dates de celui-ci ayant été changées à mon insu. Et, en dépit de l’intervention de la pharmacienne chef de mon laboratoire, le président du Conseil de l'ordre a refusé de me laisser passer l’oral le lendemain ! En revanche, j’ai passé mon CES d'immunologie en 1970 et n’avais aucune envie de m’installer en officine, malgré certaines pressions familiales.
Des débuts dans la presse scientifique
Fin 1970, je me suis retrouvée, séparée de mon compagnon, mère célibataire d’un Hannibal âgé d’un an et devant travailler. C’est là qu’une amie, biologiste, m’a présentée à Nicolas Vichney, journaliste dans les pages Sciences et médecine du ‘Monde’, avec qui elle s’occupait d’une revue intitulée 'Sciences-Progrès-Découverte', une ancienne revues scientifique, publiée chez Dunod. Nicolas Vichney me reçoit, je lui expose mon cursus et il me demande : "vous avez envie de rédiger ?
- Oui.
- Bon, j'ai ce sujet à traiter. Je vous passe le texte. Vous le réécrivez et vous me le renvoyez dans les quinze jours". Je suis partie avec le paquet sous le bras, je travaille dessus et le lui renvoies dans les délais. Il m'appelle le lendemain : "c'est bon, vous êtes embauchée". Mon job consistait à faire de l'editing dans cette revue. Puis, j'ai mené également des entretiens et j'ai ainsi appris le métier de journaliste scientifique. J’ai fait des piges pour 'La Recherche' et participé à la rédaction de la revue annuelle du CNRS Images de la physique, lancée par le physicien Franck Laloë en 1972, avec Dominique Verguèse, collaboratrice de Nicolas Vichney au Monde. Encore avec cette dernière, j'ai travaillé pour l’ESRO, l’Agence européenne de recherche spatiale, ESRO devenue ESA (European Space Agency), à la rédaction d’un rapport sur 'Ariane', notre fusée européenne. A cette occasion, je me souviens d'avoir emporté des plans de l’engin chez moi un week-end pour travailler sur des schémas ; puis le dimanche, coup de téléphone et copieuse engueulade, cela était strictement interdit, « secret défense » ! J’ai eu ensuite la possibilité d’intégrer l’ESRO, mais je ne parlais pas assez « fluently » l’anglais à l’époque. J'ai également rédigé des rapports pour la compagnie générale d’électricité (CGE) sur l'état de la téléphonie, le passage de l'analogique au numérique ; je me souviens également de la rédaction d'un rapport sur la pollution et la CGE.
Dix ans au sein des Editions Flammarion-médecine
En 1973, j'ai eu deux propositions d'embauche : l’une par la revue Que choisir ? et chez l’éditeur Flammarion-médecine, du groupe Flammarion, dirigé par Henri Flammarion. A l'époque, il était facile de changer de job et les contacts étaient aisés. J'ai donc choisi Flammarion où je suis resté presque dix ans, comme assistante de la directrice, Josette Novarina, une femme remarquable, qui avait une formation de biologiste. Flammarion-médecine, maison d’édition prestigieuse, était dirigée par Henri Flammarion. Elle disposait d'un comité de rédaction présidé par Jean Hamburger, ami et conseiller direct du DG, assisté de Jean-François Bach, Pierre Kamoun et Jean-Pierre Grünfeld (qui a rejoint ensuite le comité de rédaction de la revue médecine/sciences), des ‘Neckeriens’. Ce comité se réunissait tous les mercredis sous la direction d'Hamburger avec Novarina, moi-même et Henri Flammarion. Hamburger était un sacré mandarin : "Madame Mouchet ou Madame Novarina, excellent travail, cependant, j'ai une ou deux petites remarques à vous faire" ...et vlan, il vous descendait en flèche ! Lorsqu'il faisait la synthèse de nos comités, je l’entends encore dire : "le professeur Grünfeld pense que…, le professeur Kamoun a dit que…" et, pour résumer nos interventions, il appuyait : "Elles ont dit que…". Ce ‘Elles’ m’a toujours stupéfié, d’autant que c’était un homme parfaitement courtois, aimé et respecté de ses patients. Bref, il a bien fallu que nous nous imposions pour que, en tant que femmes, ces messieurs veuillent bien reconnaître nos compétences !
Notre travail éditorial et de fabrication était passionnant, les ouvrages publiés étaient des ouvrages de référence et parmi ceux-ci, depuis 1970, la traduction de l'incontournable et énorme traité de biochimie d'Albert Lehninger. Nos relations avec Henri Flammarion, qui assistait aux réunions du comité, toujours très intéressantes ; âgé de près de 70 ans, il nous considérait un peu comme ses filles. C’est donc là que j’ai eu à nouer des contacts avec nombre de personnalités auteurs et coordinateurs de traités, des hospitalo-universitaires, comme Georges Mathé, Alexandre Minkowski, Paul Milliez, Emile Papiernick, Pierre Godeau, Yves Pouliquen, Jean Dausset, Daniel Alagille, Jean-Louis Funck-Brentano Bernard Swynghedauw, et des chercheurs comme Philippe Lazar dont les quatre ouvrages de méthodologie statistique écrits avec Daniel Schwartz ont été publiés par Flammarion médecine. J'ai eu une relation de travail magnifique avec Josette Novarina jusqu'à sa disparition tragique en septembre 1982, juste avant la Foire internationale du livre de Francfort. Mais, sous le choc, je ne pouvais même pas imaginer lui succéder. Je me souviens d'avoir refusé une invitation à diner de Charles-Henri Flammarion lors de la Foire pour m’entretenir de l’avenir après Novarina ; lequel ? Je ne saurai jamais, mais j’étais traumatisée par cette mort brutale.
Recrutée à l’Inserm sous le mandat de Philippe Lazar (1982 - 1996)
En 1983, c’est dans ces circonstances, la disparition de Novarina et l’arrivée de la gauche au Pouvoir, que je suis arrivée à l’Inserm. J’avais une amie, Geneviève Doyon, attachée parlementaire de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de la Technologie ; associée à la préparation des Assises de la recherche, elle avait réuni un groupe de travail chargé de l’édition scientifique dans lequel, elle voulait introduire quelqu’un qui vienne du privé. Moi-même, toujours profondément de gauche (je m’étais inscrite au PCF à Marseille et avais poursuivi mes activités dans ce champ à Paris, activités que j’avais d’ailleurs abandonnées pour rejoindre Guy Debord et les Situationnistes dans les années 1970), je fus projetée dans l’effervescence de cette période ; cela m’a permis de connaitre de nouvelles équipes, d’autant plus porteuses d’espoirs que la Gauche n’avait pas été aux affaires depuis longtemps. C’est ainsi que Philippe Lazar qui venait d’être nommé à la direction de l’Inserm a envoyé Lucie Degail, la responsable de la Mission information et communication (MIC) nouvellement créée, me solliciter pour que je rejoigne les éditions de l’Inserm. Jusque-là existait la presse créée par Françoise Bélanger avec Michel Depardieu, photographe, Françoise Burnold aux éditions et Yvette Coadou, la responsable des colloques. En fait, les seules publications de l’Inserm concernaient justement les colloques soutenus et financés par l’Institut et la collection des « Statistiques médicales de décès » dont les données étaient issues du service de Françoise Hatton au Vésinet.
Dès mon arrivée, j’ai été assistée par un conseiller en matière de publications scientifiques, qui a été nommé par Philippe Lazar auprès de lui-même, Claude Matuchansky[2]. PU-PH, professeur d’hépato-gastroentérologie chef de service à l’hôpital Saint-Lazare, un homme remarquable qui m’a énormément appris. On a créé deux pôles d’édition : l’un en charge de la politique de soutien de l’Inserm aux revues françaises d’articles originaux ; l’autre dédié aux ouvrages et à la création de collections, en collaboration avec le secteur privé. On s’appuyait en cela sur une commission des éditions, composée des membres des commissions scientifiques spécialisées (CSS). On a créé des collections réalisées en partenariat avec des éditeurs privés. Cependant, je dois dire que, venant de quitter Flammarion-Médecine, je me suis demandé dans quel univers j'étais tombée, un autre monde : d’abord, la réunionite, l’utilisation démesurée de sigles/acronymes obscurs (DPES, DASP MRI…) et « cerise sur le gateau », la notion de coûts complets, ignorée de ce monde du public, les chercheurs comme l'administration se demandant bien de quoi je parlais ! Et j’ai découvert ce que pouvait être le gaspillage… Bon, tout cela s'est mis au diapason depuis. Avec la commission, nous évaluions chaque année les candidatures des revues médicales françaises postulant pour un soutien et nous avons créés des collections nouvelles : la collections ‘Recherches en ….‘ (double versions, française et anglaise), co-édition Inserm/John Libbey Eurotext’, d’abord en immunologie, éditée par Bernard Malissen du CIML à Marseille, et un autre en l'hépatologie par André Guillouzo ; ne collection en santé publique a été lancée avec les Editions Doin, « Questions en santé publique », une autre avec ‘La documentation française’. On a lancé la série des ‘Techniques en…’. Notre objectif était d’allier nos compétences à celles des éditeurs privés, tel Gilles Cahn, directeur de ‘John Libbey Eurotext’.
La revue Médecine/Sciences
Le projet d'une revue de synthèse et de formation en langue française pour la recherche biologique et médicale a vu le jour chez Flammarion, sous la pression de Jean Hamburger. Je me souviens d'un déjeuner organisé avec ce dernier et Josette Novarina pour discuter de ce projet, avec Axel Kahn, Xavier Bertagna, Laurent Degos, à la fin des années 1970. Sur ce survient l'élection de Mitterrand en 1981, la nomination de Jean-Pierre Chevènement à la Recherche et la loi d'orientation et de programmation de 1982 pour la recherche et le développement technologique de la France. Sept programmes mobilisateurs en seront issus et l’un de ceux-ci intitulé « Promotion de français langue scientifique et diffusion de la culture scientifique et technique ». Là-dessus, la commission permanente de coopération franco-québécoise décide en1982 de créer conjointement des revues scientifiques de haut niveau en langue française. Et c’est dans le cadre des programmes d’actions lancés par les deux gouvernements que s’est inscrite la création de médecine/sciences (m/s), revue internationale de recherche biomédicale de synthèse en langue française. Une anecdote à ce propos : un peu avant cela, Jacques Benveniste, devenu conseiller scientifique de Chevènement, m'avait reçu au ministère de la Recherche pour, après m’avoir entendu sur le projet de Hamburger, m’envoyer sur les roses : selon lui, point de salut en dehors de publications en anglais !
Après le projet d’Hamburger et de Flammarion, c’est à l’Inserm que ce projet de m/s a été pensé, précisé et rédigé par Claude Matuchansky, cité plus avant et déjà conseiller de Philippe Lazar. Le montage de la revue s’est fait, avec la création de membres fondateurs de part et d’autre de l’Atlantique, pilotés par le ministère de la Recherche pour la France, celui-ci représenté par Brigitte Vogler, personnalité incontournable de m/s depuis ses débuts.
Membres fondateurs de m/s Pour la France : ● ministère des Affaires étrangères ● ministère de la Recherche et de la Technologie ● Inserm, ● ministère de l’Education nationale ● CNRS ● Délégation générale à la langue française Pour le Québec : ● ministère des Relations internationales ● Conseil de la langue française ● Fonds de la recherche en santé du Québec ● ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie |
Aux débuts, je me souviens d'une des premières réunions, au siège de l’Inserm, présidée par Philippe Lazar, assisté de Lucie Degail et de Claude Matuchansky, destinée à fixer le contenu de la revue. Y participaient Michel Bergeron, gastroentérologue du côté québécois, Jean Hamburger, Jean-François Bach, Jean Rosa, le cancérologue Jean-Claude Salomon du CNRS, Brigitte Vogler du ministère de la Recherche (MIDIST). Nous sommes parvenus à un accord, après de longs débats avec les Québécois, qui souhaitaient, notamment, introduire une rubrique constituée de « brèves » qui n’a pas vu le jour. On a pu lancer m/s en 1984, grâce à l’énorme investissement de Brigitte Vogler, qui avait mené les premières discussions avec les autorités québécoises. Puis, nous avons travaillé, elle et moi en étroite collaboration, sur ce dossier très compliqué. J’ai pris l'ensemble du dossier à bras le corps pour ce qui concernait le rôle moteur de l’Inserm et je l’ai gardé pratiquement jusqu’à aujourd’hui.
La vie de médecine/sciences a été riche en événements et rebondissements. En tant que conseillère et représentante de l’Inserm, j’ai commencé à assister régulièrement aux réunions du comité éditorial à l’époque où Gérard Friedlander (le successeur de Marc Peschanski) est devenu rédacteur en chef, au début des années 2000[3]. Aujourd’hui, Michel Pohl, directeur adjoint du Disc, service IST, est appelé à me succéder et s’initie au fonctionnement de m/s.
Le département de l'information scientifique et de la communication (Disc)
En 1991, Philippe Lazar a transformé les missions créées en 1982 [information et communication (Lucie Degail), partenariat économique et social (Francine Belaïsch), relations internationales (Christine Chirol)] en départements. C'est ainsi que j'ai été nommée directrice du 'département de l'information scientifique et de la communication' (Disc), après un bref intérim et succédant à Lucie Degail. Celle-ci a quitté l’Inserm en juillet 1991, pour rejoindre le CNRS et assurer la direction de la mission de la communication et de l'information scientifique et technique de cet institut, dirigé par François Kourilsky. Philippe Lazar avait apprécié et appréciait ses compétences : elle avait organisé avec grand talent, en 1984, tous les événements pour la célébration du XXème anniversaire de l'Inserm, en collaboration avec La cité des sciences et de l'industrie La Villette et les régions, avec une exposition itinérante. C’'est elle, également, qui avait réorganisé la presse avec Dominique Donnet-Kamel (DDK), le bureau des éditions à mon arrivée en 1983 et celui des colloques et lancé les clubs ‘Inserm-jeunesse’, avec Les rencontres annuelles de jeunes. Mais elle avait un caractère difficile, capable d’être extrêmement cassante et déstabilisante ; il me vient à l’esprit qu'un jour, avec Dominique (DDK), nous nous étions concertées pour quitter notre réunion hebdomadaire, si Lucie se déclenchait ; mais nous ne l’avons jamais fait… Bref, mon caractère est complètement à l’opposé du sien ; il en est pour illustration que lorsque je lui ai succédé, sa fidèle secrétaire, Chantal Dartois, devenue la mienne, qui m’aimait bien pourtant, n’a pas supporté ma manière de travailler, trop différente de celle de Lucie, sans doute, et elle m’a très vite quittée !
C’est donc en 1991 que j’ai pris mes fonctions de directrice du Disc ; pour la petite histoire, je suis passée de quatre personnes à plus de soixante-dix à gérer, avec 2 services localisés au siège de l’Inserm, celui de l’information scientifique, dirigé par Nicole Pinhas et celui de la communication, dirigé par DDK, avec Marie-Christine Simon à la presse et des services au Vésinet (au nombre de 4), au Kremlin-Bicêtre et au Fer-à-Moulin. Depuis 1969, un accord signé par le DG de l’époque, Constant Burg, avec la National Library of medicine (NLM) au sein des National Institutes of Health (NIH), faisait de l’Inserm le référent de la NLM et de leur base de données Medline, créée en 1971, pour la France. C’était la docteure Josette Zérapha, une forte personnalité, créatrice et directrice du service de l’information médicale automatisée (IMA) localisé au Kremlin-Bicêtre, qui était leur interlocutrice. Ce service assurait l’indexation des revues biomédicales françaises dans la base américaine, assurait tous les ans la traduction des nouveaux termes du thésaurus, du ‘MeSH’ (Medical Subject Headings), mais, surtout, répondait aux demandes d’informations scientifiques formulées par les chercheurs. Les demandes concernaient, notamment, l’accès à Medline, comme aux Current Contents série Life Sciences, EMBase, Biosis… Par ailleurs, un souvenir me revient : bien plus tard, afin de défendre et d’obtenir l’indexation de la revue médecine/sciences (m/s) dans PubMed, en 2003, nous avons été reçus par Donald Lindberg, le directeur de la NLM, dans son colossal bureau (à peu près deux fois la taille de mon appartement parisien !). Il nous a demandé des nouvelles de François Grémy, avec qui il avait travaillé et qu'il tenait en grande estime. Il était, en outre, fasciné par notre Minitel et par la carte Vitale en train d’être mise au point. Et m/s a été indexée dans Medline.
Evolution du Disc avec le développement d'internet
Ces années fin 1980 - début 1990 ont été marquées par l’apparition et le développement progressif de l’Internet et des nouvelles technologies de traitement et de diffusion de l’information scientifique. Celles-ci rendaient possible un accès quasiment illimité aux revues scientifiques électroniques ; mais le problème de l’accès libre dans les sciences du vivant, par rapport à la situation en maths-physique, était l’existence de revues et d’éditeurs historiquement solidement installés (Elsevier, Springer, Karger…) et le nombre exponentiel de publications. C’est ce champ de travail qui allait me passionner et me prendre beaucoup de temps. Ce mouvement s’est développé au moment où le système traditionnel d’édition des revues scientifiques s’ouvrait à l’électronique et entrait en crise.
Dès ma nomination, Philippe Lazar a demandé à Philippe Kourilsky, membre du CODIS et intéressé par nos activités, de me conseiller dans une réflexion sur la nécessaire transformation des moyens d’accès à l’information scientifique et médicale de l’Inserm. Notre DG exprimait déjà à l’époque que : les institutions payent les salaires des chercheurs, payent leurs frais de fonctionnement, les chercheurs payent pour publier et tout le monde paye ensuite pour lire. Nous étions sur les fondements d’une légitime revendication d’un accès libre et gratuit à l’information. Un rapport lui a été remis qu’il a validé et signé. Il pensait que l’Académie des sciences avait la légitimité pour monter une base de données de publications, avec trois niveaux d’acceptation, préfigurant les bases de preprints et en a sollicité les membres. L'idée était géniale, mais avant-gardiste et l'Académie, qui n'est pas vraiment animée par un esprit révolutionnaire, n'a pas suivi. Suite à cela, Pierre Oudet, PU-PH et chercheur, qui travaillait au sein de l’unité Inserm 184/institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) de Strasbourg, dirigé par Pierre Chambon où il dirigeait sa propre équipe, a été nommé par Philippe Lazar conseiller scientifique auprès de moi-même. Et, nous nous sommes jetés à corps perdus dans cet univers, en développant notamment le travail en réseau, c’est-à-dire en transversalité et non plus en verticalité. Le service de l’information médicale automatisée (IMA), engagé dans un marché d’accès aux bases de données, qui avait été signé du temps de Lucie Degail sous la houlette du ministère de la Recherche, marché évalué bien trop onéreux et devenu inutile, a été abandonné. Les missions de l’IMA ont évolué, avec le développement du travail en réseau et celui-ci a été fermé au milieu des années 1990. Le service des microfiches de Philippe Guillaumet, situé au Vésinet, avait fait son temps auprès de chercheurs, temps glorieux d’ailleurs, et a été fermé. En effet, progressivement, les chercheurs qui jusqu’alors sollicitaient les documentalistes pour avoir les informations scientifiques qui leur étaient nécessaires pour publier, vont accéder directement à celles-ci, grâce à Medline devenu gratuit en 1997.Et enfin, avec la transformation du métier de documentaliste, nous avons créé le réseau dicdoc des ingénieures en information, avec Nicole Pinhas et son équipe ex IMA à Paris, Jocelyne Milan à Lyon, Christiane Davois à Marseille, Catherine Polge à Montpellier, Evelyne Crémer à Toulouse, sous la houlette de Pierre Oudet. Sacrée équipe, dont l’objectif était : la communication électronique sera l’outil de travail privilégié du réseau Disc-Doc de l’Inserm, en tant qu’outil maîtrisé et parfaitement adapté à la diffusion, à l’échange et, surtout, au partage des connaissances ! Attention, tout cela n’est pas allé sans aléas.
Pour se doter des moyens de répondre à la demande des chercheurs qui souhaitaient être aidés pour leur accès aux informations scientifiques et, de plus en plus, pour accéder à des publications ouvertes, nous avons organisé, au long des années 1990, la série des séminaires d'Obernai consacrés à l’actualité et à l’évolution des pratiques en France, en Europe et aux Etats-Unis : susciter la réflexion et la confrontation des points de vue quant à la place et au rôle que devait jouer l'Inserm dans ce nouveau monde de la communication, En 1999, Victor MCKusick, Johns Hopkins University, fondateur de la génétique médicale, est venu fêter son soixante-dixième anniversaire et présenter la version en ligne de sa base de données OMIM (Online Mendelian Inheritance in Man)[4].
Victor MCKusick et Claude Boucheix – Obernai 1999
Suzy – Obernai 99, salle de conférence
Ces séminaires avaient été précédés par une enquête menée sur les habitudes et les pratiques des chercheurs de la communauté Inserm en matière d’internet. Il est clairement apparu que c’étaient ceux des champs de la biologie moléculaire et de la génétique qui étaient, en majorité, concernés, à cette époque.
Pierre Oudet m’a assisté tout au long de mon mandat de directrice du Disc. Il a beaucoup œuvré pour que l’Inserm développe ou participe à toutes les actions en faveur de l’accès libre et gratuit (Open Access) aux données de la recherche. C’est au début des années 1990 que s’est développée la première initiative. Un physicien américain, Paul Ginsparg a ouvert la première base de données de partages des informations. Ainsi, ‘arXiv’, un service de prépublication de documents de travail pour les mathématiciens et les physiciens, voit le jour en 1991. Au cours de cette même décennie, avec Pierre Oudet, nous avons souvent « visité » David Lipman, le directeur depuis la fin des années 1980 du National Center for Biology Information (NCBI-NIH) à Bethesda ; et nous avons eu de nombreuses réunions aux Etats-Unis sur le développement des politiques de publications, réunions ou l'Inserm était presque toujours le seul organisme français représenté. Nous avons suivi le développement de la revue BioMedCentral, en Open Access, qui fête en cette année 2020 l’anniversaire de sa création.
Nous avons également travaillé longuement sur les méthodes d’évaluation des chercheurs, évaluation fondée pour l’essentiel sur le facteur d’impact des revues ; pernicieux facteur, car les objectifs de la bibliométrie et de la scientométrie n’ont rien à voir avec ce détournement, sans parler des journaux de recherche clinique, dont l’IF ne peut rivaliser avec celui des Nature, Sciences, PNAS…. Nous discutions également de l’intérêt d’une évaluation a posteriori des articles, comme de l’intérêt que revêtent les erreurs en recherche. Mais, il faudra laisser le temps au temps pour que, enfin, à la fin des années 2010, le ministère en charge de la Recherche français prenne la décision historique d’accélérer le passage à la publication en Open Access des travaux financés sur fonds publics, bref des publications des instituts de recherche et des universités, et ce dans le cadre d’un engagement avec les éditeurs scientifiques privés. Un point important à signaler : EDP Sciences, éditeur de la revue médecine/sciences et qui vient d’être racheté par l’Académie des sciences de Chine, est le seul éditeur français à avoir signé avec le ministère un accord qui permet d'accéder à m/s en libre accès. Je ne saurais terminer le récit de cette période de ma vie professionnelle à l’Inserm, sans exprimer l’immense plaisir que j’ai eu à travailler treize années sous le mandat de Philippe Lazar et avec celui-ci.
Changements de direction à l’Inserm : Claude Griscelli (1996-2001)
Quand Claude Griscelli a succédé à Philippe Lazar, en juin 1996, cela a été un sacré changement et provoqué de forts remous dans la maison. Griscelli quittait sa fonction de délégué général à la recherche clinique de la direction générale de l'AP-HP (1990-1995) et était l’instigateur du Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) du ministère de la Santé mis en place par Bernard Kouchner. Philippe Lazar était resté plus de dix ans en fonction et voilà un moment que certains hommes politiques souhaitaient son départ, notamment pour occuper la place. François d’Aubert, secrétaire d'État à la Recherche n’a pas épargné notre DG. Bref, un mercredi du conseil des ministres du mois de juin 1996, Lazar a été démis de sa fonction. La passation de pouvoir a donné lieu pour moi à un drame. J’étais en vacances à Saint-Tropez avec mon époux et on m’appelle en début d’après-midi : « madame Mouchet au téléphone ! ». On m’annonce que Lazar venait d’être remercié et me demande, bien sûr, de revenir à Paris. Retour en avion et tout le staff de la direction déjeune avec lui, juste avant la passation de pouvoir, à 14h dans son bureau. Il était fou de rage, non pas de quitter l’Inserm, mais de confier la direction de l’Inserm à celui auquel il accordait le moins d’estime. J’étais dans mes petits souliers. Comme je le redoutais, la cérémonie fut terrifiante. Il y avait là tous les directeur(trice)s de départements, Françoise Sevin, Christine Chirol, Francine Belaïsch, Jacques Thomas. Pas un café offert, pas de boisson, absence de cendrier. Philippe Lazar a commencé par expliquer dans les plus grands détails tout ce qu’il avait réalisé pendant quatorze ans, en face d’un Claude Griscelli de plus en plus mal à l’aise, mais, politique chevronné, stoïque. Et, à la fin de de sa diatribe, il lui dit : « Professeur Claude Griscelli, je vous remets les clés de mon bureau et celles de mon coffre, symboles de ma fonction » ; sur ce, il se lève, déclarant « l’entretien est terminé ».
En fait, plus qu’une divergence politique, je pense qu’il s’agissait entre eux de deux personnalités totalement incompatibles. En un trait, Griscelli est Corse et politique retors, alors que Lazar, l’incorruptible, a le sens de l’Etat chevillé au corps. Mais il faut reconnaitre à Claude Griscelli d’avoir été un médecin pédiatre aimé de ses patients et un incontestable chercheur. Francine Belaisch, Jacques Thomas, Françoise Sevin ont quitté l'Inserm peu après. Je suis restée. J'avais soixante-dix personnes au Disc dont je me sentais responsable, surtout devant un DG à mille lieux du précédent. Je ne pouvais pas partir. Mais cela a été très dur. L’Inserm avait son logo et sa revue interne Inserm actualités, élaborés dès son arrivée à l’Inserm, par Lucie Degail en charge de la mission information et communication (MIC) en 1982. Je me suis donc lancée, en 1998, avec un prestataire extérieur, dans une étude qualitative d’image de l’Inserm, et j'ai lancé le chantier du nouveau logo, qui s’imposait après tant de temps, accompagné d’une nouvelle charte graphique, sans que cela témoigne du moindre jugement porté sur la direction précédente. J’ai eu droit à une levée de boucliers de la part de la vieille garde, les uns (dont je tairai les noms) m’accusant de trahison, les autres (les syndicats) de dépenser inutilement l’argent du contribuable. Dur, dur, mais en définitive, passée la tempête, l’identité graphique de l’Inserm a pris sa place.
Le Disc a ainsi été réorganisé. Claude Griscelli a supprimé les soutiens aux colloques, les conférences Philippe Laudat ont disparu, comme les éditions. Le nouveau DG n'écrivait pas, il fallait rédiger ses éditos, un travail que j'avais en horreur. Ce qui l’intéressait était la communication et la presse ; je me suis donc retrouvée confrontée à certains journalistes qui, par exemple, refusaient même de l'interviewer, notamment Declan Butler de 'Nature' qui portait une grande estime pour Philippe Lazar. Je me souviens d'avoir été interviewée par Butler à l’époque de l'affaire de l'amiante au moment où Allègre s’est déclenché contre l’Inserm et notre expertise collective sur le sujet ; bien m’en a pris, je dis à Butler « Ce n’est qu’une tempête dans un verre d'eau », formule qu’il a reprise texto dans son article... Bref, j’étais à bout versant communication, l’information scientifique revêtant peu d’intérêt pour le DG, qui estimait que je ne faisais pas mon boulot de com. J’ai passé la main en 2000. Pour prendre ma suite, j’ai recommandé Marie-Françoise Chevallier-Le-Guyader, qui dirigeait l’équivalent du Disc à l’INRA depuis des années, et qui souhaitait très vivement bouger (ainsi vont les communicants au fil des directions !) et je lui ai conseillé de faire acte de candidature pour prendre ma succession (j’étais mal à l’Inserm, elle était mal à l’Inra). Et cela s’est fait. Je me suis alors lancée dans l’histoire de l’Inserm, tout en conservant la gestion de médecine/sciences et suivant de près les progrès de la politique de l’Open Access.
Changement de direction à l’Inserm : Christian Bréchot (2001-2007)
Peu après l’arrivée de Christian Bréchot, le successeur de Claude Griscelli, en 2001 à la direction de l’Inserm, Marie-Françoise a quitté l’Inserm. Moyennant quoi, j’ai repris la main sur des affaires dont Griscelli m’avait laissé la charge, l’information scientifique, avec le dossier de l’’Open Access’, et surtout la revue médecine/sciences et le site Histoire. Stéphanie Lux est arrivée à la tête du Disc, une fille fine, intelligente et vive, qui m’a frappée par sa rapidité à comprendre et s’adapter ; je me suis très bien entendue avec elle et le nouveau DG. J’ai beaucoup apprécié Christian Bréchot, peu homme politique à mon sens ; il a rencontré pas mal de difficultés suite à la volonté des pouvoirs publics de voir s’accélérer les relations de l’Inserm avec l’enseignement supérieur (facs de médecine et CHU).
Quand j’ai passé la main à Marie-Françoise Chevallier-Le Guyader, cela s’est fait relativement sans heurt. Claude Griscelli m'a chargée de la ‘mission histoire de l’Inserm’ auprès de lui. C’est à cette occasion que j’ai revu Jean-François Picard, historien du CNRS, que je connaissais, et qui avait obtenu de Claude Griscelli une convention de recherche pour faire une histoire de la recherche médicale au XXème siècle. Nous avons alors décidé de partager nos compétences et nos savoirs sur nos projets conjoints. J’ai rejoint le site du Kremlin-Bicêtre où Nicole Pinhas était en charge de l’Information scientifique au sein du Disc. C’est en discutant avec Jean-François que j’ai pensé créer un site internet dédié à l’histoire de l’Inserm. Nous avons donc décidé de recueillir ensemble les témoignages de grands acteurs de la recherche médicale (ce que Jean-François avait déjà largement engagé pour son propre site, afin de nourrir une base de données informatisée et de préparer notre ouvrage. Dominique Donnet-Kamel avait déjà réalisés une vingtaine d’interviews de personnalités Inserm, avec le projet d’une petite plaquette qui n’a pas vu le jour. En fait, avec Jean-François, nous avons sérié nos objectifs. Lui se consacrait à une histoire de la recherche médicale en France depuis le début du XXème siècle, moi-même me focalisant sur celle de l’Inserm. Cela a été une période de travail passionnante durant laquelle j’ai continué de valoriser les nombreux contacts noués au cours de ma vie professionnelle, notamment à la direction du Disc, et j’ai beaucoup appris de Jean-François, historien. On connait les aboutissements de cette recherche : un site Inserm (https://histoire.inserm.fr/) et un site CNRS (http://histrecmed.fr/), ainsi qu’un ouvrage préfacé par Jean-Paul Lévy, ‘La Métamorphose de la médecine’, publié en 2009 aux Presses universitaires de France (PUF) en partenariat avec l’Inserm.
Enfin, en 2014, je vais narrer rapidement le succès que rencontra la célébration du 50ème anniversaire de l’Inserm en 2014, sous le mandat d’André Syrota, président directeur général et d’Arnaud Benedetti, directeur du Disc, marquée notamment par la rédaction d'un ouvrage ('au cœur du vivant, 50 ans de l'Inserm') rédigé par Pascal Griset et Jean-François Picard, incomparable connaisseur de l’univers scientifique et institutionnel de la recherche médicale française. J’ai participé à la réalisation de cet ouvrage, notamment pour l’iconographie. La suite naturelle de cette publication fut la création du comité pour l’histoire de l’Inserm sur laquelle, du fait de ma connaissance de l’histoire de l’Institut, j’ai travaillé avec Arnaud Benedetti, notamment pour la rédaction de ses textes fondateurs. Je suis membre de ce comité dont je suis membre de droit et du fait de ma connaissance de l'histoire de l'institut. J'ai travaillé avec Arnaud qui dirigeait le Disc à l'époque, notamment pour le rédaction des textes fondateurs.
Avant de terminer, je dirais que j'ai accompagné jusqu'à aujourd'hui six directeurs généraux, puis présidents-directeurs-généraux de l'Insem, Philippe Lazar, Claude Griscelli, Christian Bréchot, André Syrota, Yves Lévy et de manière plus distanciée Gilles Bloch. J'ajouterais enfin que je suis heureuse de tout ce que les années 1970 et, depuis 1980-1990 à l’Inserm, m’ont donné à vivre, apportant ma pierre à de véritables révolutions technologiques et aux transformations des modes de communication scientifiques.
NOTES
[1] La linotype est une machine de composition au plomb, composition qui consistait à insérer un à un des caractères mobiles (lettres, signes de ponctuation ou espaces de calage) dans un composteur ; une fois la ligne pleine, on la déposait sur une galée.
[2] Claude Matuchansky a rédigé le premier projet de création de la revue médecine/sciences.
[3] Voir Nicolas Givernaud http://histrecmed.fr/images/pdf/MedecineSciences.pdf
[4] OMIM created in 1985 by a collaboration between the National Library of Medicine and the William H. Welch Medical Library at Johns Hopkins. It was made generally available on the internet starting in 1987. In 1995, OMIM was developed for the World Wide Web by NCBI, the National Center for Biotechnology Information.